Avec 75 t/ha à 16, contre une moyenne olympique à 79 tonnes, les rendements obtenus à Étrépagny, dans l’Eure, déçoivent, a reconnu Alexandre Métais, délégué ITB régional, lors du comité ITB le 14 janvier à Étrépagny. Dans la Seine-Maritime, le rendement moyen (86 t) se rapproche de la moyenne 5 ans de 85 t/ha.
« Premier facteur explicatif, des dates de semis tardifs. Après le 20 mars, chaque jour perdu engendre une perte de rendement de 0,6% par jour, qui ne se rattrape jamais, constate Fabienne Maupas de l’ITB. Ensuite, les pluies excessives ont entraîné des pertes de richesse ».
Le mildiou a aussi beaucoup sévi en 2024 en Normandie. La dernière attaque datait de 2014. En Seine-Maritime, il a touché 1 à 7 % des betteraves et dans le Val d’Oise, jusqu’à 95 % des betteraves de certaines parcelles. Quelques variétés sont plus sensibles que d’autres à cette maladie inféodée au sol.
Autre particularité de l’année : la présence d’aphanomyces. Ce champignon est favorisé par l’excès d’eau et des structures de sol dégradées ainsi que par des semis tardifs. Pour limiter le risque, il faut si possible privilégier des semis précoces et réaliser un entretien calcique régulier, insiste Alexandre Métais.
Chauler régulièrement et apporter du bore
« Le phénomène d’acidification étant inéluctable, il est nécessaire d’apporter 300 unités de valeur neutralisante par an », rappelle Paul Tauvel de l’institut. L’idéal est un apport régulier, tous les cinq ans, pour obtenir un pH eau de 7,5 dans les sols limoneux avec une MO inférieure à 2,2. Un pH faible implique une faible stabilité des agrégats, une baisse de l’infiltration en eau et une dégradation de la structure du sol. La teneur en CaCO3 doit se situer autour de 3 g/kg. Mais attention, après un amendement calcique, il faut absolument apporter du bore, rappelle le technicien.
Depuis 2017, la cercosporiose est devenue très présente en Normandie. « En 2024, elle a entraîné une baisse de deux points de richesse dans nos essais et une chute de poids racine de 20 %, soit au final 30 % de moins que les témoins », constate Alexandre Metais. Il est possible d’utiliser des variétés très sensibles pour les arrachages de septembre, sensibles pour ceux avant le 15 octobre. Après le 15 octobre, le choix se portera sur les variétés tolérantes. En pression moyenne dans l’Eure, l’utilisation de très tolérantes n’a pas apporté de gain économique, mais une neutralité, l’économie d’un fongicide sur trois étant équivalente au surcoût de la graine. Avec des pressions fortes, comme dans le Val d’Oise, les très variétés tolérantes peuvent avoir un intérêt.
L’apport d’Airone renforce toujours la protection cercosporiose. Il faut privilégier son utilisation au T1, traitement où il est le mieux valorisé. Le cuivre NFU s’avère moins efficace, avec des risques de bouchage de buse très fréquent. Le Propulse à 1,2 l/ha apparaît comme la triazole la plus performante, mais le Spyrale garde tout son intérêt pour alterner les molécules, poursuit le délégué.