C’est sous les 19 cts/lb que l’échéance de mars 2025 a clôturé le 13 janvier dernier. On n’avait pas vu ça depuis l’été dernier, en plein milieu d’une campagne brésilienne annoncée pléthorique. Les cours avaient ensuite rebondi, dans l’attente de la campagne indienne qui s’est annoncée, elle, réduite.

Pourquoi donc cette tendance baissière aujourd’hui, alors que la campagne brésilienne se termine, que la campagne indienne s’annonce réduite, et que les fondamentaux sont tendus ? Pour mémoire, S&P anticipe un déficit pour la campagne mondiale actuelle (- 0,7 Mt), et une situation encore plus tendue en 2025-2026 (- 2,7 Mt)…

Certes, le Brésil n’a pas complètement fini sa campagne, et la fin de campagne est meilleure que prévu. Mais cela n’explique pas tout…

D’une part, les spéculateurs continuent à peser sur les cours. Anticipant une baisse des cours, ils l’accompagnent. Ils sont désormais vendeurs-nets de plus de 3 Mt : un niveau similaire à celui de l’été dernier. À l’époque, leur retour à l’équilibre avait ensuite reconduit les cours au-dessus de 21 cts/lb. Mais pourquoi donc anticipent-ils désormais une baisse des cours ?

C’est que, du côté de la monnaie brésilienne, les choses ont réellement changé. Le réal souffre terriblement face au dollar. Le billet vert ressort en pleine forme de l’élection de Trump, et le réal, qui était déjà en souffrance, perd pied. Il faut aujourd’hui plus de 6,1 BRL pour acheter un dollar américain, un niveau que l’on n’avait jamais vu, et une perte de 20 % sa valeur pour la monnaie brésilienne en un an.

Une aubaine – en raisonnant court terme – pour les canniers brésiliens : entre vendre un sucre, sur le marché mondial, en dollar, ou vendre un éthanol sur le marché domestique, il n’y a pas de doute : c’est le débouché qui favorise des devises qui sera plus intéressant. Et cela explique l’anticipation baissière du marché de la part des spéculateurs, qui anticipent une campagne brésilienne très largement exportatrice, à partir d’avril prochain.

Mais n’est-ce pas exagéré ? Car les chiffres de S&P, avec un déficit mondial de -2,7 Mt prévu l’an prochain, anticipent déjà une production brésilienne à plus de 41,0 Mt, soit en hausse de 2,5 % par rapport à la campagne actuelle, déjà robuste… Il en faudrait donc davantage pour que la tendance s’amplifie.

Du côté européen, la Commission européenne a publié le prix de sucre livré en novembre dernier : 596 €/t, relativement stable par rapport au mois précédent, le premier de la campagne en cours, lors duquel il avait perdu plus de 150 €/t. Quant au prix du spot, il s’installe désormais au-delà de 520 €/t rendu utilisateur, partout dans l’Union.