La sucrerie Ouvré Fils a annoncé le vendredi 10 janvier son impossibilité de redémarrer l’usine de Souppes-sur-Loing (Seine-et-Marne) à la suite des difficultés survenues ces derniers mois (voir BF 1191 p 10).
Dans un courrier adressé à ses livreurs de betteraves, le PDG de l’entreprise, Julien Ouvré annonce également qu’un accord de partenariat a été conclu avec Cristal Union permettant aux planteurs de Souppes de livrer durablement leurs betteraves à partir de la prochaine récolte 2025.
« Cet accord permet d’accompagner les planteurs vers la coopérative Cristal Union, et ainsi de lever les incertitudes pour la campagne à venir. Il est aussi la condition nécessaire pour permettre à la sucrerie d’honorer l’ensemble de ses engagements au titre de la campagne en cours », écrit Julien Ouvré. Aussi, il encourage ses planteurs à s’engager massivement à contractualiser leurs betteraves 2025 avec Cristal Union.
Depuis octobre dernier, la totalité des betteraves produites par les planteurs de la sucrerie de Souppes avait été transformée dans les trois usines Cristal Union de proximité : Corbeilles-en-Gâtinais, Pithiviers et Arcis-sur-Aube.
« Tous ensemble – planteurs, équipes de Cristal Union et de la sucrerie de Souppes – nous avons su nous mobiliser pour assurer le succès de cette opération. Aujourd’hui, c’est donc naturellement que la sucrerie Ouvré Fils se tourne vers Cristal Union », explique une lettre envoyée le même jour par le président et le directeur général de Cristal Union, Olivier de Bohan et Xavier Astolfi.
Adhérer ou pas à Cristal Union
L’accord passé avec Cristal Union pour la prochaine récolte 2025 propose deux alternatives :
– Adhérer à la coopérative Cristal Union. L’agriculteur a la possibilité d’étaler le paiement du capital social sur 5 ans.
– Ne pas adhérer à la coopérative ou différer son choix d’adhésion. Le planteur peut alors livrer ses betteraves à Cristal Union en qualité de non-coopérateur à des conditions préférentielles. « L’écart de prix par rapport au prix versé aux coopérateurs sera en effet limité à 1 €/t à 16° durant les trois prochaines campagnes (2025/2026, 2026/2027 et 2027/2028) », annoncent les dirigeants de Cristal Union.
Tereos sur les rangs
Depuis l’annonce de sucrerie Ouvré Fils, Tereos est également sur les rangs pour récupérer des planteurs qui pourraient approvisionner la sucrerie d’Artenay (Loiret). Le président du Conseil d’Administration, Gérard Clay et le directeur général, Olivier Leducq, déclarent dans une lettre adressée aux coopérateurs que « Tereos renouvelle sa volonté d’apporter une solution pragmatique à chacun des agriculteurs qui se trouve dans l’incertitude depuis plusieurs semaines aux fins d’assurer que tout planteur puisse décider en toute liberté de contractualiser avec le sucrier de son choix. » Ils rappellent le nouveau dispositif mis en place pour la région d’Artenay, qui permet aux agriculteurs non-coopérateurs de produire des betteraves pour Tereos dans le cadre d’un contrat annuel reconductible à compter de la campagne 2025-2026 (voir BF 1193 p7). En tant que tiers non associé, les betteraves seront rémunérées au prix versé aux coopérateurs de Tereos, déduction faites d’un montant de 2 €/t à 16°.
Les deux groupes sucriers concurrents organisent actuellement des réunions sur le terrain pour convaincre les planteurs de Souppes de les rejoindre.
Les betteraviers livrant à Souppes se laisseront-ils convaincre, alors qu’ils avaient pris l’habitude d’avoir des indications sur les prix des betteraves qui leur seraient payés ? Pour les betteraves 2023, ils venaient même de connaître le prix définitif à hauteur de 54,23 €/ t à 16°, ce qui constituait le prix le plus élevé en France !
Plus globalement pour la filière, la fermeture de Souppes-sur-Loing est une triste nouvelle. Il s’agit de la 6e fermeture de sucrerie en 6 ans. Et il n’en reste désormais plus que 19 en France.
Le 14 septembre dernier, la sucrerie de Souppes qui est dans la famille Ouvré depuis 6 générations fêtait ses 150 ans. « Personne n’aurait alors pu imaginer que cette campagne prendrait une telle tournure », écrit son PDG dans sa lettre du 10 janvier adressée aux planteurs.
Dans les premiers jours de campagne, la sucrerie a subi une avarie matérielle puis des difficultés techniques l’ont obligé à arrêter prématurément la production. « À ces difficultés, qui plongeaient déjà toutes les parties prenantes dans l’incertitude, s’est ajoutée la pollution accidentelle du canal du Loing qui a déclenché une enquête judiciaire et administrative, ce qui a conduit au retrait du soutien bancaire pourtant octroyé depuis des années par la Caisse d’Épargne », explique Julien Ouvré dans sa lettre aux planteurs. Et d’expliquer plus loin : « un redémarrage de la sucrerie ne peut raisonnablement être assuré à ce jour, compte tenu de la situation de trésorerie, de l’ampleur des coûts à engager pour réaliser les actions correctives liées à l’enquête administrative et remettre en état de fonctionnement les installations. »