La NEPG, l’association des producteurs de pommes de terre des quatre nord européens (France, Allemagne, Belgique et Pays-Bas) avait vu juste au mois de juillet dernier. Les rendements par hectare ont été déterminants cette année. La production de pommes de terre a proportionnellement moins diminué (22,7 Mt ; -3,4 %) que la superficie semée (498 000 ha, -4,6 %) car le rendement moyen (45,6 + t/ha) a crû de 1,3 %. Sur cinq ans, la production de tubercules reste même supérieure à la moyenne quinquennale (22,09 Mt) de 2,7 %.
L’Allemagne, premier pays producteur européen de pommes de terre, s’inscrit totalement dans cette tendance. Sa récolte (8,32 Mt) n’a baissé que de 2,6 % car les rendements (49,5 t/ha) ont crû de 0,9 %, compensant partiellement la superficie emblavée (183 000 ha) en recul de 3,5 %.
Mais en Belgique, les très bonnes performances obtenues (49,4 t/ha ; +10,5 % sur un an) ont plus que compensé le recul des surfaces plantées au cours du printemps 2021 (89 700 ha ; – 7,5% sur un an).
À l’échelle de l’Union européenne à Vingt-sept, les cultures de pommes de terre se sont bien développées. Le rendement moyen des Vingt-sept a atteint 34,4 t/ha selon le bulletin d’information de la Commission européenne JRC MARS, soit 1,12 t de plus par rapport à 2021.
La France, un cas d’école
La France est un cas d’école. Les rendements attendus sont équivalents à ceux de l’an passé (43,5 t/ha). Aussi, la baisse de 3,2 % de la production nationale est uniquement liée aux 4 600 ha plantés en moins le printemps dernier (153 840 ha ; -3,0 %).
Sur cinq ans, la production de pommes de terre demeure néanmoins supérieure de 10,1 % par rapport à la moyenne sur 5 ans.
« Mais la récolte 2021 a été caractérisée par un taux important d’accidents physiologiques (cœurs creux, vertes, crevassées, etc.) et/ou de dégâts de ravageurs (taupins, limaces, etc.) », mentionne l’Union nationale des producteurs de pommes de terre (UNPT). En frais, une quantité significative de pommes de terre a été déclassée.
À l’échelle des quatre pays nord européens, le NEPG précisait aussi, courant automne dernier, que « les rendements nets seront en retrait en raison d’un nombre considérable de pertes aux champs (dégâts liés aux précipitations), de problèmes physiologiques (cœurs creux, fissures de croissance et pommes de terre fendues), également à cause des problèmes de stockage qui apparaissent dans certains cas, explique NPEG. Mais l’industrie, qui a grand besoin de toutes les pommes de terre, réceptionne jusqu’à maintenant la plupart des tubercules sans faire trop de difficultés ».
Équilibre offre demande
En France dès le début de la campagne de commercialisation, les niveaux des prix de vente ont montré que le marché de la pomme de terre était assaini. À la fin de l’année passée, « les cotations se positionnaient légèrement au-dessus des contrats », souligne l’UNPT.
« La baisse de la production, associée à la reprise de la plupart des flux d’exportation de produits transformés a conduit à un certain équilibre entre l’offre et la demande actuelles », ajoutait le NEPG.
Si le printemps dernier, les surfaces emblavées dans les quatre pays membres du NEPG avaient été équivalentes à celles de l’année 2020, 1,05 million de tonnes de tubercules supplémentaires auraient alors été récoltées et disponibles à la vente. La production potentielle de pommes de terre aurait été alors supérieure de 250 000 tonnes à celle de l’an passé et se serait rapprochée du record atteint en 2017.
La conjoncture de prix aurait alors été fort différente. Les marchés auraient été encombrés par l’afflux de tubercules, alors que la précédente campagne de commercialisation 2020-2021 avait été très compliquée. En effet, elle avait débuté avec des stocks importants de pommes de terre transformées surgelées.
Les derniers prix de contrats des industriels viennent de sortir, et proposent généralement des prix plus élevés que les premiers prix publiés à la fin de l’année dernière. Les prix pour livraison départ champ sont généralement plus élevés de +2,5 à +4,0 €/100 kg, selon les pays, les transformateurs et les variétés.
Certains couvrent les coûts de production auxquels les producteurs sont confrontés, d’autres pas. Plusieurs industriels, voyant la réticence des producteurs à signer les nouveaux contrats, ont modifié leurs tableaux de prix initiaux à la hausse pour essayer d’inciter plus d’agriculteurs à planter. Cependant, tous les intrants ont vu leurs prix augmenter au cours des derniers mois, de l’énergie aux engrais, en passant par les produits phytosanitaires et les matériaux de construction, mais aussi les machines et les pièces de rechange. « Les coûts de location d’un hectare de terre ont augmenté et les terres à pommes de terre sont parfois introuvables », constate le NEPG.