« Le rendement 2024 sera globalement décevant, à un niveau proche de 79 tonnes à 16° par hectare. Il est largement imputable à des niveaux de richesse historiquement faibles », a-t-il précisé. Selon lui, les différents facteurs qui peuvent expliquer cette situation sont le retard des semis, le déficit d’ensoleillement, le retard de minéralisation du sol et la pression continue des maladies du feuillage, en particulier de la cercosporiose.
« Cette année vient hélas confirmer et même accentuer la tendance à la baisse de notre rendement national : pour la première fois depuis 2007, le rendement olympique 5 ans passe sous la barre des 80 tonnes/hectare » a-t-il alerté en évoquant « la pression exercée depuis des années sur nos moyens de production », (protection des plantes et génétique en particulier).
« La France a fait sa part du travail »
Parallèlement, le président de la CGB a également fait part de son inquiétude sur la deuxième composante du revenu betteravier, à savoir les prix de vente. « Là aussi, en 2024, la tendance n’est pas bonne. C’est la conséquence directe des importations massives en provenance d’Ukraine. Mais probablement aussi d’une hausse des surfaces cultivées chez plusieurs de nos voisins européens depuis la fin des quotas », a-t-il affirmé. En effet, la France est un des rares pays d’Europe à être revenu au même niveau de surface que durant les dernières années sous quotas. La Pologne a augmenté de 45%, les Pays-Bas de 20% et l’Allemagne de 17%. « C’est un signal intéressant que des baisses de surfaces y soient annoncées pour 2025. Car je le dis clairement, la France a fait sa part du travail, elle a restructuré et fermé 5 usines. Il n’est pas souhaitable d’aller plus loin. Réduire davantage nos surfaces nuirait à la compétitivité de la filière ».
Enfin, cette baisse du rendement moyen et du prix de vente est aggravée par l’augmentation des charges lors de la guerre en Ukraine, charges qui « ne baisseront pas significativement », estime Franck Sander.
Ne pas se résigner
La CGB présente donc un constat franc mais peu enthousiaste : « J’aurais préféré dresser un tableau plus positif et un horizon plus dégagé », avoue son président. Faut-il alors baisser les bras ? Non, ce n’est pas la voix que choisit le syndicat betteravier. « La marque de fabrique de la CGB, c’est de dire les choses et surtout de ne pas se résigner. Au contraire, notre ADN c’est faire bouger les lignes, au service des planteurs et de la filière », a-t-il affirmé en évoquant les perspectives d’avenir.
Repenser l’OCM et la PAC pour tenir compte de l’inflation
La balle est maintenant dans le camp du pouvoir politique. Franck Sander a de nouveau rappelé l’urgence de mettre fin aux distorsions de concurrence sur les moyens de production, notamment via la proposition parlementaire de loi (PPL) intitulée « Lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur » qui sera prochainement présenté au Sénat par les parlementaires Laurent Duplomb et Franck Menonville.
Et sur la question du prix, le président de la CGB a aussi lancé un appel aux institutions européennes afin de repenser l’Organisation Commune de marché (OCM) et la prochaine PAC. « Pour ne citer qu’un seul exemple, le prix de référence du sucre s’établit toujours à 404 €/t, il n’a pas changé́ depuis 2009. Si on intègre l’inflation, sa valeur passerait à 585 €/tonne en 2025. Cela équivaut à un prix de betterave de 38 €/tonne, à comparer aux 26,29 €/t en vigueur sous les quotas », a affirmé Franck Sander. Bien sûr, ce chantier est à mener en parallèle du combat pour limiter des importations en provenance d’Ukraine et des pays du Mercosur.