Déjà élevée en 2023, la pression ramulariose est inédite en 2024. Favorisée par un climat humide et des variétés sensibles comme KWS Faro, elle a sévi sur de nombreuses parcelles. La nuisibilité moyenne s’établit à 15 q/ha selon une synthèse de 146 essais conduits entre 2007 et 2024 par Arvalis. Lorsque d’autres pathogènes entrent en jeu, cet indicateur atteint 17 q/ha et en cas d’helminthosporiose, il dépasse même les 20 q/ha. D’ailleurs, la rouille naine, concentrée sur le Bassin parisien et le Centre, ainsi que des foyers d’helminthosporiose et de rhynchosporiose en Alsace, ont également marqué la campagne.

Ramulariose : une contamination tardive mais redoutable

« La ramulariose est une maladie complexe et tardive, souvent invisible avant l’épiaison ou la floraison, explique Jérôme Thibierge, ingénieur R&D chez Arvalis. Lorsque les taches noires apparaissent, les feuilles deviennent rapidement sénescentes. » Cette pathologie, apparue en France en 2002, se transmet aussi par les semences, compliquant davantage sa gestion.

Le programme fongicide se raisonne en fonction de la sensibilité variétale, ciblant la ramulariose avec les autres maladies. Ainsi, en présence de rouille naine ou d’helminthosporiose, le T1 joue un rôle clé, apportant jusqu’à 5 q/ha supplémentaires. Gilles Couleaud, ingénieur protection des plantes chez Arvalis, recommande des solutions comme Unix Max + Meltop One. Pour des variétés d’orge sensibles à la rouille naine, il conseille de positionner la strobilurine habituellement réservée au T2 dès le T1, afin de mieux contrôler les maladies en début de cycle.

Le T2 cible la ramulariose

Le traitement T2, peut s’appliquer au stade dernière feuille étalée, sortie des barbes. « Des pluies pendant la montaison sont particulièrement favorables au développement de la ramulariose », précise Gilles Couleaud.

Les essais Arvalis 2023-2024 confirment l’efficacité de plusieurs fongicides. Le prothioconazole (Madison, 0,7 l/ha) seul atteint 47 % d’efficacité, mais l’ajout de folpel (Sesto, 1,2 l/ha) améliore ce chiffre de 17 points, atteignant un score de 64 %. De même, l’association prothioconazole + fluxapyroxad (Avastel, 0,9 l/ha) qui obtient 64 %, grimpe à 72 % d’efficacité avec une application supplémentaire de Sesto en fin de floraison.

Des solutions combinées se distinguent également dans un autre regroupement de deux essais 2024 : méfentrifluconazole + prothioconazole (Isix 0,7 l + Curbatur 0,35 l) offrant une efficacité supérieure de 20 points à celle de Kardix 0,7 l + Quibilium 0,35 l. Ajouter du folpel (600 g/ha) à Kardix améliore son efficacité de 23 points, avec un gain de rendement significatif de 3 q/ha.

Enfin, une solution innovante en développement par Syngenta, FB 1806 (pydiflumétofène + prothioconazole), affiche des résultats très intéressants : 97 % d’efficacité contre la ramulariose et un gain de rendement de 12,4 q/ha par rapport à Kardix + Sesto.