« La conclusion de l’accord UE-Mercosur lors du sommet du Mercosur en Uruguay constitue un affront grave à la souveraineté nationale de la France, la Pologne, l’Autriche, l’Irlande, les Pays-Bas et l’Italie qui ont clairement exprimé leur opposition. Cette décision unilatérale de la présidente de la Commission européenne, Ursula Von Der Leyen, n’a par ailleurs aucun sens puisque le vote au Conseil de l’Union européenne ne donnera donc pas lieu à une unanimité des Etats membres », dénoncent les quatre interprofessions.

Si la France veut rejeter cet accord, elle doit désormais convaincre suffisamment de pays pour former une minorité de blocage : soit plus de 12 Etats, soit au moins 4 États qui regroupent plus de 35 % de la population européenne.

Reste à savoir si Ursula Von Der Leyen est prête à aller jusqu’à une application temporaire de l’accord dans l’attente de sa ratification, ce qui serait catastrophique pour les filières agricoles françaises – viande bovine, volailles, céréales et sucre.

Evoquant un « accord gagnant pour l’Europe » voire « une opportunité économique », Ursula Von Der Leyen a dont fait le choix de privilégier une logique commerciale au détriment des filières agricoles européennes.

« Von der Leyen trahit les agriculteurs européens »

Assurant dans le cadre de cet accord « des garanties solides » ainsi que « des normes européennes de santé et de sécurité alimentaire intouchables », « la présidente de la Commission européenne néglige la réalité des pratiques des pays du Mercosur, qui ne respectent pas les standards européens, comme l’a récemment démontré le rapport de la DG Santé. L’accord qui vient d’être conclu ne contient par ailleurs toujours aucune clause miroir », dénoncent les quatre filières.

Cette décision met gravement en péril la compétitivité et l’avenir des agriculteurs européens. Rappelons que pour la filière sucre, les contingents supplémentaires accordés représentent 190 000 tonnes de sucre à droit nul et 8,2 millions d’hl d’éthanol à droit réduit ou nul. Ces deux concessions cumulées accordées par l’UE représentent la production de 50 000 ha, soit 1/8ème des surfaces françaises de betteraves !

« Elles vont tirer vers le bas les prix européens du sucre et de l’éthanol. Aucune mesure miroir ne figure dans cet accord : les produits importés seront issus de cultures produites avec des produits phytosanitaires interdits dans l’UE (au moins 40 substances actives interdites dans l’UE sont autorisées au Brésil) et n’auront aucune traçabilité alors que de la canne à sucre transgénique est cultivée au Brésil », dénonce la CGB.

Les filières agricoles « appellent donc instamment Emmanuel Macron, la France et les partenaires européens, en particulier la Pologne, l’Italie, les Pays-Bas, l’Autriche et l’Irlande à faire valoir expressément leur droit de veto légitime pour défendre fermement les intérêts agricoles européens. »

La FNSEA et les JA déclarent de leur côté : « Von der Leyen trahit les agriculteurs européens. » Ils promettent qu’ils engageront tous les moyens au niveau européen pour que cet accord ne soit pas ratifié, ni par le Conseil, ni par le Parlement européen, ni par les Parlements nationaux.

La réaction des planteurs de betteraves

Jean-Philippe Garnot, secrétaire général de la CGB déclare : « A l’heure où la campagne grogne, pas seulement en France, mais partout dans l’Union européenne, à quoi joue donc la Présidente de la Commission européenne ? Est-ce que nos dirigeants bruxellois réalisent la violence du message qu’ils envoient aux agriculteurs ? Nos coûts de production explosent, nos prix baissent : c’est sur le terrain que l’on attend nos responsables européens, pas à Montevideo pour flatter les exportateurs brésiliens ! »

Franck Sander, président de la CGB conclut : « Madame von der Leyen sème la colère chez les agriculteurs. Bien que la CGB soutienne pleinement le projet européen, elle n’a d’autre choix que de demander aux Etats-membres et aux députés européens de désavouer la Présidente de la Commission européenne pour rejeter cet accord. »