Il va falloir s’y habituer, les déclarations tonitruantes de Donald Trump peuvent entraîner des volatilités inattendues. C’est le cas avec sa menace d’appliquer 25 % de droits de douane sur les produits canadiens aux États-Unis. Immédiatement, les cours du canola coté à Winnipeg ont chuté, entraînant ceux du colza en Europe, les huiles suivant dans la foulée. Rien de catastrophique : la graine de colza s’échange toujours au-dessus du plancher des 500 €/t et les graines de tournesol restent au plus haut, mais un petit frisson a tout de même traversé la planète des oléagineux…
Du coup, la graine de colza, qui avait atteint 540 €/t fin novembre, revient à 511 €/t le 3 décembre sur le marché physique Fob Moselle, la graine rendue à Rouen affichant 506 €/t. Sur Euronext, les prochaines échéances ont chuté sous la barre des 500 €, avant de repartir à la hausse, à 514 €/t pour février 2025, 508 €/t en mai 2025, puis entre 465 à 470 € pour les échéances suivantes jusqu’en 2026. La confiance des investisseurs a donc été malmenée. Du côté de la graine de tournesol, l’annonce de Trump n’a eu que peu d’effet. Elle passe de 645 €/t il y a quinze jours à 616 €/t avant de remonter à 640 €/t, rendue au port de Saint-Nazaire.
Pour le marché du soja, l’éventualité d’une baisse des entrées d’huile de canola aux États-Unis a soutenu le cours de l’huile de soja, les traders voyant son incorporation croître dans la production de biocarburant pour compenser la baisse des importations d’huile canadienne. Mais cette vision n’est pas allée jusqu’à soutenir le marché de la graine de soja, qui est atone. À Chicago, elle s’échange le 3 décembre à 362 $, un prix de plus en plus bas (à comparer à 515 €/t du colza en Europe). Le marché s’attend à une production mondiale de 420 Mt, une consommation de 408 Mt, et des stocks de plus de 80 Mt. La production sud-américaine affiche des chiffres records, à 170 Mt pour le Brésil et 51 Mt pour l’Argentine, volumes qui vont concurrencer la graine de soja américaine (120 Mt). Sans doute pas de quoi plaire à un Donald Trump très soutenu par les farmers américains, qu’il défendra sans doute bec et ongles…