Au départ, pourquoi avoir rejoint le PNRI ?

Yohan Debeauvais : nous sommes arrivés chez Benoît Rigolle en 2021. Il avait déjà testé de façon autonome des plantes compagnes avec lesquelles il avait observé moins de pucerons et de jaunisse que ses voisins. Nous avons donc pris contact avec lui pour poursuivre les expérimentations dans le cadre du PNRI.

Benoît Rigolle : cela faisait quelques années que je semais de l’avoine en fourrière de betteraves, et j’ai pu observer moins de pousses de chénopodes au niveau des croisements de betteraves et d’avoine. J’ai donc décidé d’ajouter de l’avoine à mes betteraves en 2020. Mon objectif n’était pas de lutter contre les pucerons, mais le fait est que cette année-là, je n’en ai vu aucun sur ma parcelle. Pourtant, 2020 a été compliqué pour de nombreux agriculteurs : je recevais beaucoup de messages alertant d’une forte présence de pucerons… Je crois que plusieurs phénomènes conjugués ont protégé mes parcelles : la pluie, la chance, et peut-être les plantes compagnes !

Comment se passe la collaboration entre l’ITB et l’agriculteur ?

YD : nous suivons l’essai de Benoît Rigolle depuis 4 ans. Nous nous occupons du suivi technique dès que les betteraves sont implantées. Celui-ci consiste en un accompagnement sur les observations de pucerons (minimum tous les 15 jours), de la jaunisse, et des conseils sur le déclenchement des traitements. C’est Benoît qui sème l’avoine dès que les conditions le permettent et en fonction de nos recommandations : une relation de confiance s’est instaurée. Nous déterminons également le moment propice pour détruire l’avoine : il faut maximiser l’effet de l’avoine sur les pucerons tout en évitant que la plante ne concurrence trop les betteraves.

BR : étant très occupé, je ne prends pas forcément le temps de vérifier les conseils reçus par SMS. Le suivi technique plus rigoureux de l’ITB permet une observation précise de la parcelle et d’optimiser la protection des betteraves. Le PNRI et le PNRI-C permettent de réaliser des mesures et contrôles périodiques grâce aux visites des techniciens, et bien sûr de vérifier l’efficacité de la solution. Cela représente un gain de temps et de productivité non négligeable. Je n’avais pas le temps de tout faire. Par exemple, lors de ma première expérience, je n’avais pas pensé à laisser un lot témoin pour comparer mes résultats. Enfin, j’apprécie particulièrement la possibilité de rencontrer et échanger avec des producteurs de betteraves d’autres départements qui n’ont pas les mêmes contraintes ou avantages que moi.

Quels sont les résultats observés et difficultés rencontrées ?

YD : on a constaté jusqu’à 40 % de pucerons en moins dans la partie avec avoine sur l’ensemble des essais avec avoine du PNRI et PNRI-C. Cette année, il n’y a pas de jaunisse sur cette parcelle. Néanmoins, sur la moyenne des essais sur les années précédentes, on obtient environ 30 % de jaunisse en moins grâce à l’avoine, sur la totalité des essais. En moyenne, une perte de rendement de 20 % est observée sur l’ensemble des essais avec avoine du PNRI et du PNRI-C. Cette perte de productivité est notamment due au potentiel du sol, au climat, et au stade de destruction de l’avoine : plus les betteraves sont développées, plus l’impact sur le rendement est important. Le stade de destruction optimal se situe entre 4 et 6 feuilles des betteraves.