L’Union Européenne, dans le cadre du Green Deal (Pacte Vert), s’est engagée à consacrer au moins 25 % des terres agricoles à l’agriculture biologique d’ici 2030. Pour parvenir à accompagner le changement d’échelle de la production, l’Institut national de la recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae) a dévoilé quatre leviers, lors d’une conférence de presse le 7 septembre 2021.
Un maintien des minéraux dans les sols
Éviter les carences en éléments minéraux (azote, phosphore et potassium) dans les sols est un enjeu crucial. « Puisque l’agriculture biologie n’utilise pas d’engrais chimiques, il lui faut trouver une autre façon d’apporter aux plantes l’azote minérale nécessaire. Pour le moment la quantité de fumier disponible suffit amplement, mais si demain 50 ou 100 % passaient en bio, les ressources suffiraient-elles ? », s’interroge l’Inrae.
Une diversification des systèmes de culture
Autre défi à relever selon les chercheurs pour accompagner le changement d’échelle en bio : la diversification des systèmes de culture. Cela passe par une production plus importante de légumineuses par exemple. Selon l’Inrae, « une augmentation des surfaces en légumineuses fixatrices d’azote atmosphérique, pourrait fournir l’azote nécessaire à l’expansion de l’agriculture biologique ». Les chercheurs de l’Inrae testent de nombreuses combinaisons de plantes en rotation, ou en association sur une même parcelle. Pour l’institut de recherche, « certains résultats montrent que dans un système d’agriculture biologique, produire du blé dur avec davantage de protéines pour convenir à la production de pâtes nécessite de l’associer avec une légumineuse ».
Autre piste proposée : une couverture des sols davantage répandue. Cette méthode permet d’enrichir le sol en matière organique et en azote, tout en limitant l’érosion.
Un développement du biocontrôle
« L’agriculture a un impact fort sur la biodiversité. Ce qui nous intéresse, c’est de réduire les impacts au maximum », a déclaré Philippe Mauguin, président-directeur général de l’Inrae. Le troisième défi pour l’institut est donc de favoriser le recours au biocontrôle et aux fertilisants naturels. Selon Claire Jouany, chargée de recherche à l’Inrae « la polyculture-élevage est un levier pour la transition écologique, elle permet de ne pas avoir recours à des fertilisants ».
Une valorisation du bio pour le consommateur
Enfin, toujours selon l’Inrae, le facteur économique impacte le développement du bio. Si neuf Français sur dix ont déclaré avoir consommé du bio en 2020 (Agence Bio), rien ne permet d’affirmer que la tendance va perdurer. « Le consommateur valorise mieux le local que le bio », a noté Cécile Destang-Dessendre, directrice scientifique adjointe Agriculture. L’Inrae propose ainsi de coupler davantage le bio au local, afin de toucher davantage de consommateurs.
L’institut souhaite même aller au-delà du programme européen de 25 % des terres agricoles en bio. Il a lancé un métaprogramme de recherche baptisé Metabio. Il explore l’hypothèse selon laquelle l’offre nationale de produit bio serait majoritaire (au moins 50 % des terres).