La graine de colza connaît une belle envolée des prix, à près de 500 €/t en raison des tensions au Moyen-Orient, de la guerre en Ukraine, et compte tenu de la faiblesse de la disponibilité du colza et du canola au niveau mondial avec, il est vrai, des mouvements de prix bousculés à la hausse ou à la baisse par l’actualité du moment. Le 15 octobre, le colza s’échangeait sur le marché physique Fob Moselle et le rendu Rouen à 492 € et dépassait les 500 €/t sur le marché à terme d’Euronext pour les échéances de novembre 2024 à mai 2025.

À l’évidence, le colza emboîte le pas du baril de pétrole, qui grimpe en même temps que les tensions se ravivent entre Israël et l’Iran dont les champs pétroliers ne sont pas à l’abri de bombardements dans le futur. Et quand le prix du baril grimpe, celui des huiles, des biocarburants et des graines suit. Les cours des huiles de palme, de colza et de tournesol sont supérieurs à 1 000 $, selon les chiffres publiés par la Commission européenne du 8 octobre. Le même rapport montre que les cours des graines de canola au Canada sont également en hausse de 8 % d’un mois sur l’autre, tandis que le canola australien grimpe de 5 % pour la même période.

Ce n’est pas tout. La guerre en Ukraine dure, avec des centaines de victimes, drame qui réduit le potentiel agricole du pays. La dernière récolte de colza ne s’élève qu’à 3,5 millions de tonnes, contre 4,5 Mt avant la guerre. Celle de tournesol ne va pas atteindre les 10 Mt, contre plus de 15 Mt dans le passé. Le soja va passer les 5 Mt, mais le volume est en baisse d’après l’USDA. Dès lors, les prix du colza et du tournesol d’origine ukrainienne se tendent, et s’alignent sur les cours européens, affichant une hausse de plus de 46 % par rapport à l’an dernier pour le colza , et de 43 % pour le tournesol !

Autrement dit, le volume produit en Ukraine ne pèse plus autant sur les cours du colza ou du tournesol en France (qui s’échange autour de 520 € à Bordeaux et Saint-Nazaire), en Allemagne, en Pologne ou en Roumanie, comme c’était le cas en 2022 et 2023, provoquant même des crises aux frontières de l’Ukraine. L’USDA vient d’ailleurs de réviser à la baisse la production de colza en Europe, en Ukraine, en Moldavie et au Canada, ce qui alimente la hausse des cours.