« La première production d’une sucrerie, ce n’est pas du sucre, c’est de l’eau », lance Pascal Hamon, directeur industriel du groupe Cristal Union. La betterave est en effet composée à 75 % d’eau. Alors pourquoi continuer à puiser dans les nappes pour nettoyer des betteraves ? Cristal Union s’est attaqué à cette question depuis longtemps. La consommation d’eau de forage a déjà été divisée par trois en 15 ans.
« Nous avons d’abord récupéré le maximum d’eau de l’évaporation, explique l’ingénieur. Ensuite, nous avons réorganisé les circuits en stockant l’eau dans les lagunes pour assurer le nettoyage de fin de campagne et le redémarrage de la campagne suivante. C’est comme cela que les premières sucreries sont devenues autonomes en eau : Sillery en 2010, Sainte-Émilie en 2018, Arcis en 2022, et enfin Pithiviers et Corbeilles en 2023. » Les trois dernières ne prélèveront plus d’eau dans la nappe phréatique dès l’année prochaine. « Mais nous souhaitons aller plus loin : l’ensemble des sites de Cristal Union, y compris les distilleries d’Arcis et de Bazancourt seront autonomes en eau en 2030 », promet Pascal Hamon.
Objectif : autonomie des distilleries
Autant une sucrerie produit de l’eau grâce aux betteraves, autant les distilleries sont consommatrices nettes, car la première étape est de diluer les substrats concentrés avant de passer à la fermentation. « Sur les lignes de blé, comme à Bazancourt, on est sur des produits très secs qu’il faut humidifier », ajoute Pascal Hamon. C’est là que les synergies prennent tout leur sens. « Notre force est d’avoir une sucrerie à côté d’une distillerie. Nous allons donc augmenter le stockage d’eau en sucrerie pour la réutiliser dans la distillerie voisine. À Arcis, nous avons stocké 700 000 m3 d’eau propre en 2023, qui ont été réutilisés par la distillerie ; nous avons consommé moins de 200 000 m3 en 2024 et nous serons autonomes d’ici 3 ans. À Bazancourt, nous sommes en train de construire un épurateur basé sur la technique de la méthanisation. La distillerie Cristanol sera autonome en 2030. »
Ces gros investissements – 20 M€ à Bazancourt et 7 M€ à Arcis – sont aidés par l’agence de l’eau.
À terme, c’est plus de 3 millions de m3 d’eau qui vont être économisés. Et 7 millions de m3 retourneront sur les terres agricoles !