Les cours des grains ont gagné une petite dizaine d’euros ces quinze derniers jours. Le mouvement haussier a été observé sur plusieurs places de marché. À Rouen, le prix de la tonne de blé s’est stabilisé sous le seuil de 230 € à la fin de la semaine dernière, close le 11 octobre 2024. Il n’a jamais été aussi élevé depuis 5 mois. Pour autant, le Conseil international des céréales s’attend à une baisse de la superficie de blé emblavée dans le monde à la fin de l’automne. Sa culture n’est pas assez rentable. Par ailleurs, certains chantiers de semis prennent du retard en raison de la sécheresse persistante dans le bassin de la mer Noire et des précipitations abondantes en Europe occidentale.

En attendant, le début de la campagne de commercialisation 2024-2025 réussit à l’Ukraine et à la Russie : plus de 20 millions de tonnes (Mt) de blé exportées en moins de trois mois, soit un tiers des quantités disponibles (64 Mt). L’Ukraine en a déjà vendu 6,2 Mt et la Russie, 14 Mt. Mais les deux pays n’ont pas les moyens de poursuivre leur campagne de commercialisation au même rythme jusqu’au de mois de juin. Le Kremlin prévoit déjà d’accroître ses quotas d’exportation pour protéger le marché intérieur russe.

Quoi qu’il en soit, ces résultats commerciaux sont très satisfaisants. Malgré l’intensification des combats sur son territoire et dans ses ports, l’Ukraine a doublé ses ventes de blé comparées à l’an passé. Elle est parvenue à en expédier en Indonésie, en Égypte, au Vietnam et en Algérie notamment, selon l’USDA.

Soumise à des restrictions d’importation par ses principaux partenaires commerciaux (la Turquie et le Kazakhstan), la Russie a accru ses exportations vers l’Égypte, le Kenya, le Maroc, le Nigéria, le Vietnam, des marchés encore convoités l’an passé par la France. Mais faute de blé disponible, notre pays n’est pas en mesure de concurrencer la Russie et l’Ukraine.

Malgré les mesures prises par l’Union européenne pour encadrer les importations de céréales d’Ukraine, cette dernière a expédié en trois mois 1,65 Mt de blé, 168 000 t d’orges et 2,69 Mt de maïs, soit plus de la moitié des quantités de grains importées par les vingt-sept depuis le 1er juillet dernier. Premier pays importateur européen de céréales, l’Espagne est son premier client. On notera toutefois une percée importante des États-Unis sur le marché européen. En y ayant expédié 1,04 t de maïs, ils ont devancé le Brésil, dorénavant relégué en troisième position (856 000 t).

L’Union européenne à la traîne

Dans l’Union européenne, les exportations de céréales sont en net repli par rapport à l’an passé. Seules 6,1 Mt de blé ont été expédiées vers des pays tiers, soit 2,1 Mt de moins que l’an passé. Pour l’orge, les ventes sont inférieures de 500 000 t (1,5 Mt versus 2 Mt).

Toutefois, l’Union européenne a fait une percée remarquable sur le marché égyptien en y exportant 690 000 tonnes blé, soit plus de quatre fois les quantités de grains vendues l’an passé. Le Royaume-Uni a aussi retenu le marché européen pour acheter une partie des grains (411 000 t contre 142 000 t l’an passé) qu’il n’a pas produits l’été dernier. Il n’a récolté que 11 Mt de blé, soit 4 Mt de moins qu’en 2022-2023.

Mais l’Algérie (450 000 t ; – 200 000 t), et surtout le Maroc (490 000 t; 1.5 Mt), se sont détournés du marché européen pour privilégier d’autres origines pour des raisons politiques et de disponibilités.

Quant à l’orge, la Chine s’est contentée d’en importer 290 000 t d’Union européenne en trois mois (1,5 Mt l’an passé) mais l’Arabie saoudite, absente l’an passé, est revenue aux achats (354 000 t).

L’Asie et le Moyen-Orient attendent l’arrivée des céréales australiennes et argentines à partir du mois de décembre prochain (35,5 Mt de blé et 10 Mt d’orges exportables) pour en importer massivement.