Les annonces d’incendie dans les champs de canne au Brésil, probablement à la suite à d’actes malveillants et dont les effets ont été accentués par la sécheresse, ont provoqué un net mouvement haussier : on parle de plus de 200 000 hectares ! Certes, la canne pourra être majoritairement traitée, mais son rendement risque d’être affecté : elle n’était pas forcément mature, et elle ne sera pas traitée dans des conditions optimales. S’il est encore trop tôt pour évaluer les conséquences sur la récolte, l’analyste local Datagro estime que dépasser les 40 Mt sera désormais impossible pour le géant sud-américain.
Du côté de l’Inde, qui va entrer en campagne le mois prochain, c’est toujours la grande inconnue. Un spécialiste du marché indien rappelait que le pays a la capacité d’orienter l’équivalent de plus 5 Mt de sucre vers l’éthanol, pour peu que le gouvernement lui en donne les moyens. Et c’est visiblement ce qu’il pourrait faire : il s’apprêterait à relever les prix d’achat de l’éthanol produit à base de canne à sucre. Si l’on ajoute à cela des surfaces en baisse – par manque d’eau au moment de la mise en place de la canne, alors on peut s’attendre à une nouvelle absence du pays sur le marché export.
Du coup, les cours font régulièrement des percées vers les 20 cts/lb, permettant à des opérateurs de se couvrir. Et s’emballent même, comme le 18 septembre où l’échéance de mars 2025 est allée jusqu’à frôler les 21,5 cts/lb ! Est-ce que cela va se poursuivre, et jusqu’où le marché peut-il monter ? Ce qui semble clair, c’est que la plupart des analystes estiment que le premier trimestre prochain sera tendu, en termes d’offre. Mais la demande sera-t-elle au rendez-vous ?
Du côté européen, l’ambiance reste morose, mais toujours aussi calme, sans réellement d’échanges. L’Allemagne vient d’annoncer que les surfaces récoltées cette année seront en progression de 6 %, alors qu’elle les estimait, jusqu’à présent, stables. Du côté des rendements, la différence semble forte entre une Europe du Nord qui s’annonce décevante, et une Europe de l’Est qui s’annonce un peu mieux lotie. Mais les inondations, qui affectent la Roumanie, la Pologne et l’Autriche, pourraient pénaliser la production totale communautaire, même s’il est encore trop tôt pour le dire.
Toutes ces incertitudes font qu’il est bien difficile, pour les planteurs européens, de décider actuellement quelle surface ensemencer pour l’an prochain. Le groupe néerlandais Cosun a été le premier à s’exprimer : il demande à ses adhérents de revenir au niveau d’il y deux ans (après avoir demandé à ses planteurs, l’an dernier, de les augmenter de 10 %). En Allemagne, les deux coopératives, Nordzucker et Sudzucker ont suivi : elles demandent, elles aussi, des baisses de surface à leurs adhérents.