« Aujourd’hui, une grande majorité des personnes que nous accompagnons sont dans un état de dépression plus ou moins grave », annonce Marie Decovermarcker, accompagnatrice d’agriculteurs en difficulté au sein de la cellule Réagir Marne (voir encadré). Pour l’année 2023, Réagir Marne signale que 27 % des dossiers concernent des problèmes de santé, alors qu’en 2022, seulement 7 % des dossiers traitaient de la santé des personnes engagées dans le dispositif.
Selon Marie Decovermarcker, ces pathologies touchent de plus en plus les agriculteurs. Un nombre grandissant souffre d’isolement tout en ressentant une loyauté transgénérationnelle les empêchant d’avoir un regard lucide sur leur situation. D’autres se sentent également incompris par la société dans laquelle ils ne trouvent plus leur place. « Il faut également noter que la santé psychologique reste un grand tabou dans nos campagnes », confie-t-elle.
La majorité des sollicitations que reçoit la cellule Réagir ont encore des motifs financiers. « Mais la trésorerie n’est souvent que le sommet de l’iceberg », affirme-t-elle en précisant que ces difficultés sont souvent engendrées par d’autres difficultés, comme des problèmes de santé, de famille ou de voisinage par exemple.
Qui contacter quand cela ne va pas bien ?
Chaque département dispose d’une cellule d’aide aux agriculteurs en difficulté. Les coordonnées sont disponibles sur le site Agri’Collectif, dans la rubrique « nos interlocuteurs ». Dans la Marne (www.reagir-marne.fr / 03 26 04 74 09), dans l’Aisne et dans quelques autres départements, ce sont les associations de l’Adasea qui animent le dispositif Réagir.
Comment cela se passe-t-il ? C’est à l’agriculteur de prendre contact avec le réseau. « Il faut que ce soit une démarche active de la part du demandeur », explique Marie Decovemacker. Les conseillers écoutent dans un premier temps l’agriculteur pour comprendre la situation et proposent un accompagnement à l’agriculteur qui s’inscrit dans un cadre et un contrat bien précis, et dure trois ans en moyenne. « C’est le temps nécessaire pour rebondir », affirme-t-elle.
Une fois le dossier accepté, ils dressent un bilan de la situation grâce aux données comptables, des centres de gestion, des coopératives et des banques. Enfin, un ensemble de solutions sont définies avec les partenaires de la cellule Réagir que sont la FDSEA, les banques, la chambre d’agriculture, les coopératives et négoces, la MSA, la Safer, …
77 % des personnes accompagnées par Réagir Marne finissent sur des sorties dites « positives », à savoir une poursuite de l’activité dans de meilleures conditions, un accompagnement vers la retraite ou vers une réorientation professionnelle. « Cette dernière solution est quand même pour nous une sortie positive. En effet, on n’est pas d’abord là pour sauver l’exploitation mais l’humain », précise-t-elle. Malheureusement, quelques accompagnements n’aboutissent pas, dûs notamment au manque d’implication de certains agriculteurs.