Après deux éditions dans la Marne, le 3e opus du salon Terres innovation, organisé par Cérèsia, s’est déroulé les 15 et 16 mai à Chambry, près de Laon. La Chambre d’agriculture, Cristal Union, le Crédit Agricole, CER France et Groupama sont partenaires de l’événement. La région intervient aussi en soutien financier.
Lors de l’inauguration, Antoine Hacard, président de la coopérative, a rappelé le défi assigné aux 200 exposants et à ses équipes : « proposer des solutions qui vont permettre dans un futur très proche de faire évoluer les pratiques des agriculteurs vers l’agroécologie, faire face au changement climatique et continuer à produire massivement. » D’ailleurs, à horizon 2027, la coopérative ambitionne de devenir « leader de l’accompagnement des transitions environnementales, au service de la performance agricole ».
La vitrine des solutions présentées à travers 7 hectares d’essais illustre la dynamique qui se crée localement. L’allongement de la rotation avec les légumineuses, la génétique et le digital en sont d’importants leviers.
« On n’invente rien, on entraîne un état d’esprit au sein des exploitations, relève Airy Darbon, directeur de la Chambre d’agriculture de l’Aisne. Nous comptons engager dans l’agroécologie plus de 55 % des exploitations de la région à échéance 2027. » Dans ce cadre, le plan agroécologie Hauts-de-France 2020-2025 aide à financer les diagnostics.
D’autres mesures publiques se greffent pour mesurer le progrès et le rémunérer. Parmi celles-ci : l’annonce fin avril par l’Agence de l’eau d’un premier paiement pour services environnementaux régénératifs (voir p. 13). L’association Pour une agriculture du Vivant (PADV) en est le tiers de confiance. Cristal Union et McCain figurent parmi les premiers partenaires du projet ; Cérèsia et Tereos les ont rejoints.
Indicateurs d’une agriculture régénératrice
En parallèle, le déploiement de l’agroécologie se quantifie au sein de chaque filière.
Ainsi, Cristal Union a développé dès 2014 son propre référentiel de durabilité : Cristal Vision. La coopérative travaille également depuis quatre ans avec l’association PADV afin d’accompagner ses adhérents dans l’évolution de leurs pratiques. Dans ce cadre, elle s’appuie sur des outils tels que l’indice de régénération.
Pour l’année en cours, 76 % des coopérateurs ont participé à cette évaluation via un questionnaire, 10 % ont déjà mis en œuvre une combinaison de leviers agroécologiques et 100 planteurs sont audités chaque année. « L’évaluation n’est pas nouvelle, elle intègre juste davantage de critères de durabilité, témoigne William Huet, directeur agricole adjoint de la coopérative.
Parmi ceux-ci : l’intensité du travail des sols, l’emploi d’outils d’aide à la décision (OAD), dont celui élaboré en interne pour gérer le risque de la cercosporiose, le semis de variétés de betteraves tolérantes aux bioagresseurs, le taux de couverture du sol. Autre signal, révélateur du changement d’approche : la nouvelle clé d’entrée du catalogue de semences de betteraves de la coopérative.
Elle se fait sur la tolérance aux bioagresseurs et non plus sur le rendement. « Nous sommes passés de 20 % à 55 % de nos planteurs qui utilisent des variétés de betteraves tolérantes à la cercosporiose en 5 ans. »
Diagnostic GES et approche globale de l’exploitation
Pour Tereos, également exposant à Terres innovation, une transition agroécologique réussie est celle qui s’opère dans le cadre d’une approche globale de l’exploitation. La coopérative a d’ailleurs annoncé fin mars, dans le cadre de son plan de décarbonation du champ à l’usine, le financement à hauteur de 75 % des diagnostics à la ferme (voir Le BF N° 1182 p 20) pour 1 000 coopérateurs.
« Nous avons beaucoup de pédagogie à amener autour de la durabilité des pratiques agricoles, explique François Leveaux, son responsable des relations coopérateurs. Grâce à ce diagnostic carbone à l’échelle de l’exploitation, le coopérateur identifiera plus précisément les leviers à mettre en place en fonction de la situation actuelle de niveaux d’émission et de ses pratiques culturales ».
En parallèle, afin de proposer une approche plus globale (sur les différentes cultures de l’assolement), Tereos intervient avec d’autres coopératives telles que Vivescia via son programme Transitions ou, plus récemment avec Unéal, Agora, Axereal et Valfrance. Du reste, un webinaire a été présenté début mai entre Tereos et Unéal auprès de coopérateurs.
L’élevage intègre aussi cette approche plus globale, en lien avec la coopérative laitière Prospérité fermière.
Une exploitation sur deux est en transition
Enfin, les financements accordés par le Crédit Agricole confirment l’accélération de la transition. Ils concernent de plus en plus les outils d’aide à la décision, de précision et de travail du sol, mais aussi des projets de production d’énergie renouvelable.
« Plus de la moitié des 24 000 exploitations des Hauts-de-France sont déjà engagées dans un processus de changement, explique Philippe Meurs, vice-président du Crédit Agricole du Nord-Est. Avec la hausse des projets dans la production d’énergie, nous prévoyons une exploitation sur deux productrices d’énergie d’ici à 2030, avec un accent fort mis sur le photovoltaïque. »