Décidément, les conflits au Proche-Orient ou en Ukraine n’orientent que peu les cours mondiaux des oléagineux. En Europe, le colza navigue dans un couloir de 435 à 490 €/t, avec des soubresauts, mais tout en conservant un niveau bien supérieur aux prix de l’an dernier à la même époque, où les cours avaient touché le plancher de 385 €/t.
Le 14 mai, les cours Fob Moselle et rendu Rouen, pour la récolte 2023, touchent le sommet de l’année à 467 €/t, tandis que la récolte 2024 atteint 481 €. Sur Euronext, on mise sur des cours encore plus élevés pour les échéances trimestrielles, jusqu’à 492 €/t. Le plafond de 500 €/t est proche.
À ce niveau de prix satisfaisant s’ajoute une récolte probablement dans la ligne de l’an dernier, à plus de 5 millions de tonnes pour le colza en France, compte tenu des bonnes conditions météo observées jusqu’alors.
La production européenne était estimée précédemment à plus de 20 Mt, dans sa moyenne quinquennale, mais le chiffre de 18 Mt commence à circuler, compte tenu de zones de sécheresse dans les pays de l’Est européens et de rendements inférieurs à ceux de l’an dernier.
La nouvelle a eu pour effet de participer à la petite flambée actuelle des cours. On attend des chiffres un peu plus précis sur les semis de tournesol, dont la surface serait en hausse. L’an dernier, la production avait dépassé les 2 Mt.
En juin, les prévisions seront sans doute plus proches de la vérité, encore que les producteurs ne font en général confiance qu’à ce qui est entré vraiment dans les silos… Autre bonne nouvelle pour les producteurs, les prix des intrants diminuent, surtout les engrais en chute de 33 % par rapport à l’an dernier, selon Agreste, et les cours du pétrole et du gaz sont en recul également.
Dès lors, la situation semble favorable à la fois au niveau du chiffre d’affaires, comme des marges.
Pour le soja aussi, les cours mondiaux restent élevés.
À Chicago, la tonne de soja a grimpé de plus de 20 dollars, à 450 $, en un mois. Le dernier rapport du Département de l’Agriculture américain (USDA) du 10 mai dernier est venu animer un peu les marchés. La prévision de récolte aux États-Unis augmente de 10 Mt à 116 Mt par rapport au mois précédent, tandis que celle du Brésil pourrait atteindre 170 Mt, un niveau jamais atteint. Mais la demande serait également en hausse, notamment grâce aux biocarburants, ce qui explique que les cours restent toniques.
Le stock mondial atteindrait le niveau historique de 128,5 Mt, contre 111 Mt lors de la dernière campagne. Au global, la production mondiale de soja atteindrait 422 Mt, contre 397 Mt. Mais, au final, les tendances semblent positives tant pour les producteurs européens que pour les producteurs américains. Et les pays importateurs d’oléagineux, comme la Chine, vont devoir payer un peu plus pour nourrir leur population.
À lire aussi>> Concilier quintaux et bon comportement face aux bioagresseurs