Depuis 2021, des fermes pilotes d’expérimentation (FPE) sont implantées dans toutes les régions betteravières pour évaluer au champ, et à l’échelle de parcelles d’agriculteurs, l’efficacité de solutions alternatives aux néonicotinoïdes. Pour cette campagne 2024, 67 exploitations ont accepté de tester, sur leurs parcelles de betteraves sucrières et betteraves porte-graines, différentes combinaisons de leviers pour lutter contre la jaunisse.

En 2024, l’opérationnalité est visée et les combinaisons de leviers sont mises à l’honneur. Les essais vont répondre à trois objectifs majeurs, qui ont été définis selon le risque de jaunisse estimé pour l’année et le secteur géographique considéré : renforcer l’efficacité de la protection aphicide dans les secteurs à risque élevé, réduire le nombre d’aphicides, ou s’en passer complètement, dans les secteurs à risque modéré ou faible. Les leviers plantes compagnes, produits de biocontrôle, médiateurs chimiques et lâchers d’auxiliaires seront autant que possible intégrés dans une stratégie de protection intégrant les aphicides. Des combinaisons de leviers intégrant plusieurs solutions testées dans le PNRI sont également envisagées.

Les combinaisons de leviers sont mises à l’honneur

Plantes compagnes X Aphicides

Des graminées (avoine rude ou orge de printemps) ou des légumineuses sont semées avec les betteraves, et détruites en début de cycle pour limiter la concurrence. Elles réduisent la colonisation des pucerons par un effet visuel (camouflage, contraste avec le sol) et/ou olfactif. Elles seront testées en complément d’une protection aphicide classique pour renforcer la protection dans les situations à risque élevé. Dans les situations à risque plus faible, une réduction du nombre d’aphicides permise par les plantes compagnes sera évaluée.

Médiateurs chimiques X Aphicides

Des molécules odorantes, aussi appelées Composés organiques volatils (COV) seront mobilisées. Elles ont un effet répulsif sur les pucerons, et altèrent leur survie et leur reproduction. Épandues sous la forme de granulés, elles permettraient de renforcer l’efficacité de la protection aphicide classique dans les situations à risque élevé, ou de retarder le premier aphicide dans les situations à risque plus faible.

Lâchers d’auxiliaires X Aphicides

Des œufs et des larves de chrysopes sont testés pour augmenter les populations d’insectes prédateurs de pucerons dans les parcelles. Les lâchers sont réalisés avec un épandeur à rampe, en relais d’un premier traitement aphicide pour se positionner dans des conditions météorologiques favorables à leur activité, et à des densités de pucerons plus faibles. Une réduction du nombre de traitements aphicides est visée par cette combinaison.

Médiateurs chimiques X Biocontrôle

D’autres médiateurs chimiques peuvent être utilisés comme une phéromone d’alarme, produite naturellement
par le puceron Myzus persicae dans des situations de danger. En augmentant artificiellement son niveau d’émission, elle pourrait permettre de repousser les pucerons vecteurs et d’attirer les auxiliaires, en particulier les coccinelles. Cette phéromone est testée en combinaison avec de l’huile de paraffine pour renforcer son efficacité.

Pour plus de détails sur ces travaux

Afin d’informer les betteraviers des solutions testées dans leur région, l’ITB propose une carte interactive avec des repères géographiques représentant chaque Ferme pilote d’expérimentation (FPE). Les bornes donnent accès aux détails des essais conduits dans chaque FPE au cours des trois années du PNRI, et de la première année du PNRI-C. Les leviers et modalités testés y sont annotés par année. Les mécanismes en jeu, les mises en place 2024 et les projets concernés sont détaillés pour chaque levier, ce qui permet de mieux comprendre les attentes des solutions testées. Enfin, la newsletter PNRInfo permet de suivre chaque mois l’avancement des travaux du PNRI. Pour s’y abonner, il suffit de cliquer sur la mention « Recevez nos infos par mail et SMS » qui figure en bas de chaque page du site itbfr.org.

Témoignage d’expert : Fernand Roques, Ingénieur régional FNAMS, coordinateur des actions techniques en semencesde betteraves sucrières porte-graines

Quels sont les enjeux autour de la jaunisse en Eure-et-Loir ?

L’Eure-et-Loir est l’un des secteurs betteraviers les plus touchés par la jaunisse en raison de conditions météorologiques plus favorables, et de la proximité des betteraves sucrières avec les betteraves porte-graines. Au cours des dernières années, les traitements aphicides n’ont pas permis de gérer convenablement la jaunisse en betteraves sucrières, et les symptômes sont importants dans les parcelles. L’identification de stratégies de gestion suffisamment efficaces est un enjeu important pour la pérennité de la production dans ce département. Un plan d’action a donc été déployé en 2024 pour co-protéger les deux cultures de betteraves sucrières et porte-graines, dont les cycles culturaux se chevauchent. Aucune période de l’année n’est exempte de betteraves.

Quel est le périmètre de ce plan d’action ?

Ce plan d’action cible spécifiquement le département de l’Eure-et-Loir et a une durée de 3 ans. Une trentaine de parcelles de betteraves sucrières, situées à moins d’un kilomètre des betteraves porte-graines, sont concernées au printemps 2024. Les agriculteurs volontaires ont à disposition des plantes compagnes et des médiateurs chimiques de type COV, pour compléter leur protection aphicide. À l’automne, ce sont les betteraves porte-graines qui bénéficieront d’une protection renforcée, en profitant des solutions qui ont apporté les meilleurs résultats au printemps. On espère donc progresser à chaque nouvelle culture, en proposant aux agriculteurs de cette zone des solutions prometteuses le plus rapidement possible.

Quels sont les partenaires impliqués ?

Les filières sucrières et de production de semences sont mobilisées. Les agriculteurs mettront en place les solutions fournies par le projet FPE-C du PNRI-C, et seront guidés par l’ITB, les Services Agronomiques de Sucreries (Tereos, Cristal Union) et la FNAMS. Les établissements semenciers accompagnent les multiplicateurs dans la mise en œuvre des nouvelles techniques et les interprofessions (AIBS et SEMAE) définissent les orientations du Plan d’action.

Les Fermes Pilotes d’Expérimentation seront reconduites pour une durée de 3 ans (PNRI-C). L’opérationnalité est visée et différentes combinaisons de leviers seront testées selon le risque de jaunisse estimé pour l’année et le secteur géographique considéré.

Un plan d’action sera conduit dans l’Eure-et-Loir pour identifier des stratégies de gestion suffisamment efficaces pour gérer la jaunisse en betteraves sucrières et porte-graines. Les leviers prometteurs identifiés dans le PNRI compléteront la protection aphicide classique.