Si le groupe coopératif va investir 800 M€ dans ses usines européennes pour réduire de 65 % ses émissions de gaz à effet de serre, les agriculteurs sont également incités à se lancer dans l’agriculture bas carbone. Toutes cultures confondues (betterave, blé, canne à sucre, luzerne), Tereos estime que ses activités agricoles représentent 47 % des émissions totales du groupe. « La betterave représente 22 % de cette partie agricole », détaille Guillaume Boutillier, responsable agronomie et durabilité de Tereos.

Vu l’importance de ce chiffre, on comprend pourquoi la coopérative souhaite emmener le plus grand nombre possible d’agriculteurs dans la décarbonation de l’activité agricole. D’autant qu’en novembre 2022, Tereos a signé l’engagement Initiative Science Based Targets (SBTi) Flag, qui a pour objectif de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Cet acronyme Flag – Forest, Land and Agriculture – concerne la partie agricole.

« Chacun devra faire sa part, y compris les agriculteurs, explique Jérôme Hary, président de la Commission Innov’action de Tereos. Il faut donc les accompagner. C’est pourquoi la coopérative financera les 1 000 premiers bilans carbone réalisés à l’échelle des exploitations ».

Tereos a déjà réalisé 65 diagnostics carbone selon la méthode grandes cultures du label bas carbone, qui prend en compte les émissions de l’exploitation et le stockage du carbone dans les sols. « Les émissions ne sont pas seulement issues des consommations de carburants, mais aussi du protoxyde d’azote issu de la minéralisation du sol, indique Guillaume Boutillier.

La majorité des agriculteurs vont travailler sur les couverts d’intercultures, le pilotage et la localisation de l’azote. Ceux qui utilisent des solutions azotées envisagent de passer à l’ammonitrate. Après, on peut envisager les engrais bas carbone, mais ils sont encore chers ».

Tereos a choisi de travailler avec d’autres filières dans un souci de simplification pour l’agriculteur. Le sucrier a donc rejoint le programme Transitions, porté par le groupe céréalier Vivescia pour la région Grand Est, et l’association « Pour une Agriculture du Vivant » pour les autres régions.

Le but est d’embarquer le maximum de coopérateurs. Pour les convaincre, Tereos est train de mettre en place une prime filière qui dépendra de la valorisation de son sucre bas carbone. « Nous travaillons actuellement sur les seuils. Notre objectif est de couvrir les coûts liés à la transition et d’aller au de-là pour être incitatif », explique Guillaume Boutillier. Et Jérôme Hary d’ajouter : « il faut que cette prime puisse valoriser l’ensemble du travail de l’agriculteur ».