À l’occasion d’une table ronde organisée par la société sur ce sujet, lors du Salon de l’agriculture, Agriodor a annoncé qu’après une année d’essais concluants sur de petites surfaces, elle allait tester son produit sur 500 hectares en 2024, en lien avec l’ITB et les sucriers. Par ailleurs, elle prévoit d’être techniquement prête à commercialiser son produit en 2025.
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Un délai théorique de 7 ans
Cependant, si ce produit fait partie de la catégorie des biocontrôles, il doit quand même suivre le même processus d’homologation que la chimie traditionnelle, regrette Alain Thibault, le président d’Agridor. Et cela signifie une étude des risques liés aux produits pendant 7 ans et un dossier dont le coût est 2 fois supérieur au coût du développement du produit. « On va tuer l’innovation dans l’œuf », alerte également Nicolas Rialland, le directeur général de la CGB. « Je suis très surpris de l’écart entre l’exigence réglementaire de réduire les phytos et l’inadéquation du cadre réglementaire permettant la mise sur le marché de ces produits très innovants, et avec un impact a priori moindre sur les milieux ».
Heureusement, il existe une possibilité de dérogation au niveau français afin d’autoriser la commercialisation d’un produit sans AMM. Est-ce que le produit d’Agriodor va pouvoir en profiter ? Nicolas Rialland, le directeur de la CGB, a affirmé que le syndicat betteravier « encouragerait toutes les solutions qui pourront permettre de réduire la pression de la jaunisse, y compris par les voies réglementaires ».
Activer tous les leviers
À noter que le produit d’Agriodor, n’ayant pas 100 % d’efficacité, sera à combiner avec les autres outils. « La diminution de la pression puceron va nous permettre de décaler les seuils de traitement et de gagner en IFT », explique Camille Delpoux. Mais force est de constater qu’« aujourd’hui, les leviers chimiques et les moyens de production à disposition ne permettent pas, dans toutes les situations, de contrôler le risque jaunisse dans sa totalité », précise-t-elle.
Parmi les autres leviers à activer, il y a la gestion des réservoirs viraux afin que les pucerons soient le moins contaminés possible. En effet, « si un puceron arrive sur la betterave, mais qu’il n’est pas porteur du virus, il n’y a pas de problème », explique Christian Huyghe, le directeur scientifique agriculture de l’Inrae, également présent lors de la table ronde.
Pour cela, la destruction des repousses de betterave est nécessaire (voir p 20), via une action mécanique ou une pulvérisation chimique. Christian Huyghe recommande notamment de veiller à ce que les repousses betteraves, dans les céréales ou sur les cordons de déterrage, soient bien détruites par un anti-dicot ou du glyphosate. « La chimie, ce n’est pas un mot qui pose un problème », admet le directeur scientifique agriculture de l’Inrae.
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