« J’ai décidé de m’installer dans l’exploitation familiale lorsque mon oncle, qui était associé, est parti à la retraite. Mes parents étaient en groupement agricole en commun (GAEC) et nous avons constitué une société civile d’exploitation agricole (SCEA) afin qu’ils puissent continuer à exercer leur métier », explique Antoine Lasnon, 21 ans, qui représente aussi la quatrième génération d’agriculteurs dans la ferme familiale à Hugleville-en-Caux, en Seine-Maritime.
Une installation tout en douceur
« Mon père voulait arrêter la conduite des cultures, surtout la partie administrative, avec les plans d’épandage à définir, l’enregistrement des différentes interventions culturales, etc..
Comme cela m’intéressait, il m’a proposé de m’en occuper. Au début, j’ai travaillé à ses côtés et puis, au fur et à mesure, il m’a laissé diriger la conduite des cultures, des différents assolements, les rotations et les traitements », poursuit le fils d’Isabelle et Éric Lasnon.
L’exploitation familiale est en agriculture conventionnelle et le jeune agriculteur souhaite changer petit à petit la façon de travailler les sols en optant, lorsque cela est possible, pour le non-labour.
Cette année, il a travaillé sur l’analyse des sols en potasse, phosphore et les matières organiques, avant de semer du lin, une culture qu’il souhaite davantage développer. « Nous sommes passés de 3 hectares de lin à 10 hectares ; aujourd’hui, nous en cultivons 20 hectares et plus et j’ai semé pour la première fois en octobre du lin d’hiver », déclare le jeune agriculteur.
Les parents d’Antoine sont polyculteurs-éleveurs avec un troupeau de vaches allaitantes, une cinquantaine de vaches de race Limousine, après avoir conduit un élevage laitier qu’ils ont abandonné il y a une dizaine d’années, faute de trouver et garder des jeunes salariés en formation.
Une grande ouverture d’esprit
Antoine Lasnon a suivi une formation agricole, d’abord dans une maison familiale rurale (MFR), puis il a obtenu un baccalauréat professionnel en agro-équipement et en productions végétales, avant d’être diplômé d’un BTS analyse, conduite et stratégie d’une entreprise agricole à l’Institut Genech, dans le Nord de la France, en formation continue.
Au cours de cette formation, il a effectué plusieurs stages en diversifiant ses choix pour acquérir le maximum d’expérience, notamment dans l’agroéquipement chez des concessionnaires de matériel agricole en Seine-Maritime, dans l’élevage en production laitière dans des exploitations différentes, dont une dotée d’un méthaniseur et une seconde d’un robot de traite. Il a également travaillé chez un producteur de pommes de terre en bio et en conventionnel dans les Hauts-de-France, puis chez un négociant en pailles de céréales en Côte-d’Or, ou encore dans une exploitation maraîchère à Marbella en Espagne, mais aussi dans une entreprise de travaux publics dans la partie assainissement.
Pendant ses différents stages, il éprouve toujours le besoin de « mettre la main à la pâte » en revenant sur l’exploitation familiale en pays de Caux. Il a également effectué deux saisons d’arrachage et d’écapsulage du lin pour la coopérative Terre de lin, à Saint-Pierre-le-Viger.
Jeune mais déjà doté d’un beau et riche parcours, Antoine Lasnon a fait le plein de découvertes des différents métiers qu’offre l’agriculture, avant de s’installer pour de bon.
« J’ai toujours aimé découvrir l’agriculture dans ses multiples facettes et les différentes façons de travailler dans une exploitation et j’aimais bien aussi le changement », souligne Antoine Lasnon qui a une grande ouverture d’esprit, s’intéressant aux différentes pratiques agricoles et à la façon dont elles sont conduites.
Des betteraves rémunératrices
« Lorsque je me suis installé, mes parents m’ont laissé une grande latitude dans la conduite des cultures et la mécanique agricole. J’ai même modifié le semoir à betteraves pour gagner en précision dans les semis et les traitements, avec notamment l’utilisation du GPS », détaille le jeune agriculteur qui a rejoint le syndicat JA 76.
« Cela m’apporte beaucoup et c’est l’occasion de rencontrer d’autres jeunes agriculteurs et d’échanger », raconte-t-il.
Il cultive une vingtaine d’hectares de betteraves sucrières dans la ferme familiale livrées à la sucrerie Cristal-Union à Fontaine-le-Dun.
« C’est une culture rémunératrice qui permet de diversifier les risques et d’avoir de la pulpe pour les animaux de la ferme et c’est un élément important dans les rotations des cultures », affirme-t-il.
Antoine Lasnon a également en projet la culture de pommes de terre de consommation.
Un bâtiment de 2 000 m² de surface recouverte de panneaux photovoltaïques à 90% est en construction au sein de la ferme pour le stockage du matériel et des balles de lin et, potentiellement, des pommes de terre. L’énergie électrique qui sera produite alimentera directement le réseau EDF.
Le jeune agriculteur a de l’énergie à revendre !