Alors que le plan national de recherche et d’Innovation (PNRI) lancé en 2020 vient de s’achever, de nouveaux programmes de recherche sur la jaunisse de la betterave vont être lancés au travers du PNRI Consolidation. Le président de l’ITB dévoile les axes de recherche pour les trois prochaines années.
Pourquoi le PNRI doit-il bénéficier d’un programme de consolidation ?
Malgré de grandes avancées sur la connaissance scientifique des jaunisses, le Comité de coordination technique (CCT), qui est l’instance de pilotage du PNRI, a constaté l’absence de solutions opérationnelles suffisamment efficaces à l’issue des 3 années du PNRI. De plus, la campagne de recherches et d’expérimentations 2023 a été marquée par une faible pression jaunisse, qui a réduit l’intérêt et la portée de certaines expérimentations en plein champ. Si les solutions alternatives ne sont pas encore opérationnelles à ce jour, elles sont clairement identifiées et la mission du PNRI-C sera de les rendre techniquement applicables et économiquement acceptables.
Quelle sera sa durée et le niveau de financement ?
Nous avons abouti collectivement à obtenir, le 25 octobre dernier, que le ministre de l’Agriculture s’engage à financer une prolongation du PNRI pour 3 années, ainsi qu’un accompagnement politique de la recherche. Le programme se clôturera le 31 mars 2027. Le budget total est de 4 millions d’euros. 3,6 M€ financeront des actions innovantes, notamment dans les Fermes pilotes d’expérimentation (FPE). Et le reste sera fléché pour l’animation, la communication et la coordination du PNRI-C.
Comment seront mobilisés les projets ?
Le CCT a déposé un Appel à manifestation d’intérêt (AMI) sur le site de FranceAgriMer, le 20 décembre dernier, avec des lettres d’intention à renvoyer par les chercheurs intéressés pour participer à l’architecture de ce PNRI-C.
Comment va fonctionner le PNRI-C ?
Le fonctionnement est identique à celui du PNRI actuel sur beaucoup de points. Il y a un Comité de coordination technique (CCT) qui reprend les 14 membres du premier PNRI, dont 7 de la filière betterave sucre (1 pour la CGB, 1 pour l’AIBS, 2 pour les fabricants et 3 pour l’ITB). Auxquels s’ajoutent maintenant un représentant de la Fnams pour mieux se coordonner sur la gestion des betteraves porte-graines au milieu des sucrières dans la région Centre-Val de Loire ; et un représentant de la DGAL pour préparer l’éventuelle introduction du PNRI au sein du programme Écophyto 2030, qui se met actuellement en place. Le CCT se réunit au moins une fois par mois, et pilote le PNRI-C.
Le Comité scientifique et de suivi (CSS) passe de 12 membres à 7. Il rencontrera le CCT au moins deux fois par an pour échanger et donner son avis consultatif.
Et puis, un Comité de suivi ministériel (CSM) composé de 3 membres du CCT (le président du CCT Christian Huyghe, le président de l’ITB, et le Délégué Interministériel Henri Havard) et de 3 représentants des cabinets des ministères (MASA, MTES et Secrétariat d’État à la Biodiversité). Deux réunions par an se tiendront pour faire un point d’étape de l’avancement du programme.
Quelle sera la place de la recherche génétique dans ce nouveau plan ?
Les deux programmes Flavie et Probeet sont arrivés au terme de leurs engagements, mais rien n’interdit aux sélectionneurs de se positionner à nouveau dans ce programme inédit. Cependant, la génétique sera un point central dans ce PNRI-C, puisque les variétés présentant des tolérances aux développements des jaunisses seront testées sur de grandes parcelles dans les Fermes pilotes d’expérimentation, en concertation avec tous les sélectionneurs. Par ailleurs, l’ITB, en partenariat avec l’Inrae, a démarré le projet Agir pour analyser l’appétence des pucerons en fonction des variétés (toutes celles déposées au CTPS), et pour mesurer les COV (composés organiques volatils) et les métabolites dans chacune d’entre elles.
Quand aurons-nous les résultats complets des 3 années de recherche du premier PNRI ?
Les porteurs des 22 projets du PNRI (le 23ème a été arrêté en cours de route) rendront la conclusion de leurs travaux tout au long du 1er semestre 2024, et un colloque scientifique de clôture a été programmé le jeudi 4 juillet 2024 à Paris.
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1- Les réservoirs viraux. C’est le grand enseignement du PNRI ; nous avons énormément amplifié nos connaissances, préalablement trop partielles sur les réservoirs viraux des jaunisses, et il faudra réellement poursuivre ces travaux pour devenir encore plus performants sur le sujet.
2- Les Composés organiques volatils (COV). Qu’ils soient répulsifs ou attractifs, nous devons travailler l’efficacité et la rémanence de ces produits afin qu’ils deviennent de meilleures solutions économiques. Des travaux sont en cours pour viser à simplifier l’application technique de ces produits.
3- Les biostimulants et les biocontrôles. Un partenariat avec l’Université d’Amiens, spécialiste de ce secteur, permettra d’assurer une veille permanente et de rester à l’écoute des nouveautés. L’ITB continue par ailleurs ses travaux sur les aphicides de synthèse dans sa station du Griffon, à Laon (Aisne).
4- Les Fermes pilotes d’expérimentation (FPE). Un premier objectif est de tester le maximum de combinaisons de solutions entre elles (notamment les plantes compagnes, COV, variétés, et aphicides), avec des dispositifs plus complexes que les années précédentes, et toujours dans des conditions réelles de plein champ. Un second objectif est de renforcer la présence des FPE dans la zone plus sensible du Centre-Val de Loire, afin d’augmenter les chances de réussite d’expérimentations.
5- La modélisation prédictive. Le PNRI-C va s’atteler à améliorer la prédiction d’arrivée locale des pucerons en temps réel, de leur abondance, et de leur pouvoir virulifère ; cela permettra de mieux renseigner l’OAD pucerons de l’ITB, et d’optimiser le pilotage des traitements aphicides par les planteurs. Un nouvel objectif de cette modélisation sera aussi de viser l’évaluation préventive des pertes de rendement.