Après le retournement des panneaux en automne dernier et les manifestations massives chez nos voisins européens, c’est l’agriculture française qui se révolte. Si le mode d’action par blocage des autoroutes, pendant plusieurs jours, a commencé en Occitanie et s’est vite répandu comme une traînée de poudre dans presque tout l’hexagone. Les 4 principaux syndicats agricoles ont appelé à la mobilisation.
C’est une colère latente depuis des mois, voire plusieurs années. L’exaspération des agriculteurs a plusieurs origines : des revenus insuffisants, des contraintes administratives et environnementales croissantes, mais aussi parfois des attaques d’une partie de la population qui les considère comme des pollueurs. Si les agriculteurs se sentent mal aimés (l’agribashing ne date pas d’aujourd’hui), leurs mouvements sont paradoxalement largement soutenus par les Français, comme l’indiquent plusieurs sondages (voir p 5 du BF1177).
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Les agriculteurs demandent des réponses concrètes
Lundi 22 janvier, les agriculteurs s’organisaient au niveau local pour passer à l’action. À partir du lendemain, le Premier ministre Gabriel Attal recevait le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, accompagné d’Arnaud Gaillot, son homologue chez les JA. « Nous avons dit au Premier ministre qu’aussi longtemps qu’il n’y aura pas de décisions concrètes, il n’y aura pas de levées des actions menées sur le terrain. On ne se contentera pas de mesurettes », a déclaré Arnaud Rousseau à la sortie de l’entretien. Le ton était donné : cette fois-ci, les paroles ne suffiront plus. Les agriculteurs sont plus déterminés que jamais.
Dans la nuit qui a suivi, un drame s’est produit sur un barrage dans l’Ariège. Une agricultrice, ainsi que sa fille de 12 ans ont trouvé la mort, percutées par une voiture qui avait forcé un passage, malgré le dispositif de signalisation mis en place.
Depuis mardi matin, les blocages se mettent en place un par un, regroupant parfois plusieurs syndicats. D’autres professions se sont jointes aux manifestations, comme certains routiers ou certains pêcheurs. Enfin, des corps de métier liés à l’alimentation ont soutenu le mouvement, comme les bouchers-charcutiers par exemple.
Mercredi 24 janvier dans la soirée, la FNSEA et les JA ont présenté une liste de plus de 140 revendications. Alors que le Premier ministre annonce sur Twitter avoir demandé aux représentants des agriculteurs de lui faire remonter « toutes leurs propositions pour simplifier les normes qui pèsent sur leur activité », il faut noter que la liste de la FNSEA ne comprend rien de nouveau, et que les demandes avaient été remontées à plusieurs reprises depuis de nombreuses semaines ou mois (voire des années). Mais force est de constater qu’il fallait que les agriculteurs passent à l’action pour que les responsables politiques, qui faisaient la sourde oreille, prennent le sujet au sérieux.
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« Pour l’instant, il n’y a rien de négociable »
Le jeudi 25, la Fdsea et les JA d’Île-de-France appellaient leurs adhérents à se rassembler le lendemain, sur les grands axes autour de la capitale, afin de mettre en place le blocus de Paris. À l’heure où ce journal est bouclé, les agriculteurs attendent des annonces du Premier ministre, annoncées pour le vendredi 26 janvier. Selon Arnaud Rousseau, « elles sont très attendues et doivent être très au niveau ». Et Arnaud Gaillot de préciser devant les journalistes : « pour l’instant, il n’y a rien qui soit négociable ».
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La confédération paysanne, le syndicat qui avait appelé à manifester contre les réserves de substitution à Sainte-Soline, « affirme sa pleine solidarité avec les mouvements d’agricultrices et d’agriculteurs en France ». Pour eux, le problème réside uniquement dans le prix payé aux producteurs et ils alertent les autres syndicats « sur le mirage de la suppression des normes ». Même raisonnement au parti Europe Écologie les Verts (EELV) : « depuis très longtemps, nous sommes alliés dans ces luttes », explique Marine Tondelier, la secrétaire générale du parti sur le plateau de TF1. « Je soutiens à 200 % le mouvement des agriculteurs ». Mais elle aussi affirme que le problème ne vient pas des normes. Le sénateur EELV Yannick Jadot a déclaré sur le plateau de Public Sénat, le même jour : « la norme, c’est ce qui protège notre santé ».
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