C’est l’atonie qui prévaut en ce début d’année. Sur les marchés physiques de Rouen et de Moselle, la graine de colza s’échange le 9 janvier à moins de 420 €/t. Les marchés à terme sont aussi à la peine, et s’établissent entre 420 et 430 € pour les cinq prochaines échéances, jusqu’en février 2025.
La tendance est baissière depuis plusieurs mois, même si le plancher des 400 € ne semble pas devoir être franchi. La graine de tournesol frôle aussi ce seuil, à 410 €/t, mais ne le franchit pas non plus.
Aux États-Unis, le soja n’est pas en meilleure forme non plus. Son cours vient de tomber à Chicago à 458 $/t. C’est le plus bas niveau de prix depuis six mois. Il faut dire que les traders naviguent à vue sur les estimations de production, qui atteindrait des sommets, selon le ministère de l’Agriculture américain (USDA), tandis que des analystes voient au contraire la production chuter sensiblement en raison d’une récolte brésilienne bien moins importante qu’anticipé.
La prévision de production au Brésil oscille ainsi entre 161 Mt selon l’USDA, et… 130 Mt selon des analystes brésiliens, qui constatent des rendements très faibles dans certaines régions. Le consensus des analystes table plutôt sur sur 150 Mt, mais les prochains chiffres de l’USDA, qui font autorité, sont très attendus.
Les baisses de prix mondiaux des oléagineux tiennent principalement à deux facteurs : la chute des cours du pétrole et l’atonie de l’économie mondiale. Malgré les tensions en mer Rouge, le prix du baril de pétrole reste sous la barre des 80 $, ce qui pèse sur les cours des huiles et des biocarburants.
À quoi s’ajoutent la faiblesse de la croissance de l’Europe, encore soumise à une forte inflation, et surtout celle de la Chine, qui réduit ses importations de soja. L’effet domino est inéluctable et conduit à une demande moins tonique, et à des cours qui gagnent en volatilité.
Cette tendance légèrement baissière ne doit pas cacher que les oléagineux continuent d’avoir globalement le vent en poupe. En 2023, l’Europe a traité dans ses usines quelque 48,2 Mt de graines de colza, un record, le volume dépassant celui de 2022 et la moyenne quinquennale qui s’établissait à 46,2 Mt.
La hausse vient principalement des usines allemandes. Avec l’arrivée progressive sur le marché européen de la production ukrainienne, ce volume est probablement appelé à augmenter.
Les volumes d’échanges mondiaux du soja sont aussi en hausse, et les crises au Moyen-Orient ou la guerre en Ukraine ne semblent pas avoir de prise sur les marchés. L’Ukraine a d’ailleurs pu charger 350 tankers de céréales à partir du Danube, avec 10 Mt de céréales à bord, malgré la guerre sur la mer Noire.
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