L’année 2020 pourrait être celle de tous les dangers pour la jaunisse. Depuis une semaine, les betteraves subissent des attaques de pucerons verts dans la quasi-totalité des régions betteravières. Ces attaques précoces et inédites par leur ampleur, s’expliquent par les conditions climatiques très favorables de cet hiver (peu de gel) et des températures printanières élevées. Mais cette situation est surtout la conséquence directe de l’interdiction d’utiliser des semences traitées aux néonicotinoïdes depuis l’année dernière.
Aujourd’hui, il ne reste plus que deux produits autorisés pour lutter contre les pucerons verts sur betteraves : la flonicamide (Teppeki) homologuée pour un passage à partir du stade 6 feuilles et le spirotétramate (Movento), autorisé à titre dérogatoire en 2019 et en 2020 pour 2 passages, à partir du stade 2 feuilles.
Ces produits ont démontré leur efficacité en 2019, qui fut une année de pression des pucerons verts modérée. L’année 2020 pourrait en revanche présenter un tout autre scénario, comme le laisse présager cette pression importante des pucerons dès le mois d’avril.
Dans un communiqué du 24 avril, la CGB indique que le seul produit utilisable à un stade végétatif précoce (Movento) est purement systémique et que son efficacité est insuffisamment rapide et durable en cas de forte infestation. À l’inverse, le Teppeki combine plusieurs modes d’actions dont le contact et s’avère ainsi plus opérant dans la situation actuelle, notamment avec des levées décalées dues aux manques de pluies.
La CGB appuyée par l’ITB a donc alerté la direction générale de l’alimentation du ministère de l’Agriculture (DGAL) sur la gravité de la situation et lui a demandé en urgence deux dérogations :
- Pouvoir utiliser le Teppeki dès le stade 2 feuilles afin d’apporter une réponse immédiate aux fortes infestations constatées en plaine,
- La possibilité d’appliquer un second traitement de Teppeki pour couvrir, en cas de besoin, toute la période de sensibilité des betteraves aux pucerons verts, c’est-à-dire jusqu’à la couverture du sol.
Dans l’attente de ces dérogations d’usage, les planteurs doivent être vigilants, observer leurs parcelles et suivre régulièrement le site « Alerte Pucerons » de l’ITB.
F.-X. D.