La cameline va-t-elle contribuer à la décarbonation du transport aérien ? Le groupe Avril, leader industriel et financier de la filière des huiles et protéines végétales, en est persuadé. Des représentants de l’aviation civile se sont d’ailleurs rendus chez Fabrice Moulard, agriculteur dans l’Eure et administrateur de la Fédération française de producteurs d’oléagineux et protéagineux (FOP), qui a testé cette nouvelle plante cet été.
Les compagnies aériennes sont en effet demandeuses de solutions pour décarboner leurs avions, car l’incorporation de biocarburant est une obligation. « Les députés européens ont voté le 13 septembre le texte Refuel UE Aviation, qui précise qu’en 2025, il faudra 2 % de carburant d’aviation durable (CAD) dans le kérosène, ensuite 6 % en 2030 et 70 % en 2050 », explique Kristell Guizouarn, directrice des affaires réglementaires du groupe Avril.
Une candidate idéale
Mais pour être éligible au label CAD, la plante doit être utilisée en culture intermédiaire, afin de ne pas mobiliser des terres supplémentaires ni entrer en concurrence avec la production alimentaire.
Avec son cycle court, allant de 90 à 100 jours, la cameline permet d’intégrer la rotation, entre juillet et octobre. C’est une culture rustique, peu exigeante en intrants et résistante aux bioagresseurs. « Il lui faut très peu d’eau pour germer », ajoute Fabrice Moulard. En bref, c’est la candidate idéale estime le groupe Avril.
Son rendement potentiel actuel est encore très faible et peut aller jusqu’à 17qx/ha, mais la technique du fauchage andainage donne des perspectives pour améliorer ce résultat.
Chez Fabrice Moulard, l’essai a été réalisé sur deux parcelles de 3,5 ha chacune, l’une après un pois et l’autre derrière une orge. La première a très bien poussé, car « elle a bénéficié de l’azote laissé par les pois », tandis que dans l’orge, la cameline a été un peu étouffée par les pailles qui étaient très abondantes.
Pour réussir, il faudra un débouché garanti pour l’agriculteur avec de la valeur ajoutée sur son exploitation. « Nous avons aussi besoin d’un confort réglementaire pour développer cette nouvelle filière », ajoute Jean-Philippe Puig, directeur général d’Avril.
Le groupe vise la production de 100 000 tonnes d’huile en 2030 (ce qui représente environ 250 000 ha) et 500 000 t en 2035. Comme pour l’Oleo 100 et le B 100, le biokérosène à base de cameline est peut-être promis à un beau succès.
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