L’analyse menée par l’Institut technique de la betterave (ITB) montre que l’alimentation en eau des betteraves explique une part importante des différences de rendement au sein du territoire et entre années. Elle permet de classer les environnements (département – année) en 5 groupes qui expliquent 69 % de la variabilité du rendement. Ces résultats sont issus d’une étude à grande échelle sur 25 départements betteraviers et 22 années (2000-2021).

Les 5 groupes sont décrits par des indicateurs découpés en 10 phases du semis à la récolte et représentant l’eau disponible pour la plante (figure 1). Les groupes présentent également des différences au niveau du rendement à 16 (figure 2). L’ensemble de ces informations permet de décrire les groupes plus précisément. Le groupe 1 est donc représenté par un rendement très élevé par rapport à la moyenne (81,3 t/ha) et une quantité d’eau disponible élevée. Le groupe 2 présente également un rendement et une quantité d’eau élevée. La différence de rendement entre ces 2 groupes doit donc être expliquée par un autre critère. Le groupe 3 a un rendement faible et une quantité d’eau limitée. Le groupe 4 est décrit par un rendement très faible et un fort manque d’eau, surtout en fin de cycle. Le groupe 5 présente un rendement légèrement inférieur à la moyenne qui s’explique par un autre critère que le stress hydrique (maladie, autre stress biotique).

Un autre résultat de l’analyse permet de révéler les phases d’indicateur qui ont le plus d’impact sur le rendement. Ainsi la phase 7 et la phase 9 sont les deux phases qui semblent avoir un impact positif très important sur le rendement. Elles correspondent respectivement à une période allant du 28 juillet au 13 août et du 30 août au 18 septembre en moyenne. Tandis que les phases 1 et 2 sont les phases qui ont le moins d’impact sur le rendement. Elles couvrent une période allant du 28 mars au 27 avril en moyenne.

Pour chaque année étudiée, il est possible d’observer la répartition des groupes (figure 3). Certaines années particulières se démarquent comme 2001, 2003 et 2020 pour leurs sècheresses et leurs fortes températures (groupes 3 et 4). Les années 2011 et 2017 sont les années enregistrant les plus forts rendements (groupe 1). Enfin, certains environnements isolés et classés dans le groupe 5 peuvent s’expliquer par des événements particuliers comme la présence de maladies racinaires en 2016 ou la forte présence de cercosporiose en 2006, 2007, 2018 et 2019.

Cette méthode permet de décrire précisément les départements par année pour leur disponibilité en eau et leur impact sur le rendement. Cela permettra de cibler les zones à analyser pour une future étude plus précise. Celle-ci se concentrera sur le comportement des variétés en présence ou en absence d’eau dans l’objectif de mettre en évidence des variétés tolérantes au stress hydrique.

Méthodologie

Les données de rendement départemental et annuel proviennent du site AGRESTE. Cet ensemble de départements – années constitue les environnements qui sont étudiés dans l’analyse. Les données météorologiques sont extraites de la banque de données SAFRAN de Météo France. Elles permettent de calculer un indicateur d’eau disponible pour la plante en utilisant une simulation de bilan hydrique issue de l’Outil d’aide à la décision (OAD) IRRIBET. Cet indicateur est la moyenne du rapport de l’évapotranspiration réelle sur l’évapotranspiration maximale (ETR/ETM). Il est ensuite découpé en 10 phases de 300° jours chacune. On estime qu’à partir de 3000° jours, la plante peut être récoltée.

Un modèle PLS (Partial Least Square) est appliqué sur ces données pour estimer le rendement betteravier en fonction des indicateurs par phase et les classer en 5 groupes. Ce modèle permet également de mettre en évidence les phases d’indicateurs qui ont le plus d’impact sur le rendement.

Pour chaque groupe, les valeurs de rendement et des indicateurs sont comparées à la moyenne générale. Lorsqu’une différence significative à la moyenne est observée, elle permet de décrire le groupe analysé.