Durant l’été, l’alternance de précipitations et de périodes de chaleur a été favorable aux plantations de pommes de terre, mais les plantes accusent toujours un retard végétatif d’un mois. Le printemps dernier, les semis ont été retardés par les précipitations.
De plus, les rendements des prélèvements opérés à la fin du mois d’août sont habituellement ceux observés 3 à 4 semaines plus tôt. Seul un été indien durant le mois de septembre compensera ce retard, en prolongeant le cycle de végétation.
Dans les fermes, les hangars sont vides. Or, l’essor de l’industrie de la transformation a encore accru la demande de tubercules, alors que les récoltes belges, françaises et allemandes étaient bien inférieures à celles de 2021.
Par ailleurs, un nouveau projet de construction d’usine de transformation est annoncé chaque mois. Le dernier en date est celui du groupe belge Agristo sur le site de Tereos à Escaudœuvres (Nord).
Il s’ajoute à ceux en voie d’être réalisés à Dunkerque, dans l’Artois, à Poperinge et à Péruwelz, en Belgique à 10 km de la frontière. Cependant, ces usines seront approvisionnées avec des pommes de terre cultivées en France.
Aussi, les planteurs ne manqueront pas d’être courtisés pour cultiver plus de pommes de terre.
« Mais seuls des contrats révisés en fonction de l’évolution des coûts de production rendront durablement la filière pommes de terre très attractive auprès des planteurs, affirme Bertrand Achte, président du Gappi, qui regroupe les planteurs de pommes de terre de McCain. Les plus jeunes en ont besoin pour sécuriser leur projet d’installation ».
En fait, l’organisation contractuelle de la production de pommes de terre réduit la volatilité des cours. Si ces contrats sont suffisamment rémunérateurs, ils favoriseront le développement de la production pour répondre aux besoins du marché et garantir aux industriels l’approvisionnement de la distribution. Ce qui n’est pas toujours le cas s’ils dépendent du marché libre, tant les prix sont volatils (à la hausse ou à la baisse) dans ce schéma de production.
Mais la culture de pommes de terre est de plus en plus risquée. La campagne 2022-2023 est un cas d’école. Les problèmes rencontrés au fil des mois se sont succédés : baisse des rendements, conservation des tubercules rendue plus difficile par leur âge physiologique avancé. Ensuite, les factures d’électricité des hangars réfrigérés ont explosé dans certaines exploitations. Et le printemps dernier, les plants de pommes de terre enterrés avec un mois de retard étaient parfois trop chétifs pour avoir la force de lever.
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Lorsque les règles de la PAC ont été connues, de nombreux planteurs de pommes de terre se sont demandés si leur exploitation allait être éligible aux aides Ecorégime, plus contraignantes que les paiements verts.
Mais les règles d’assolement, auxquelles ces planteurs sont soumis sur leur ferme, sont au moins aussi contraignantes que la conditionnalité des aides PAC.
Comme la culture de pommes de terre impose une rotation d’au moins cinq ans, les planteurs diversifient en permanence leurs productions (légumes, légumineuses, etc.) aidés par une conjoncture favorable.
« En conséquence, jusqu’à 80 % des planteurs sont éligibles aux aides Ecorégime de niveau 1 ou de niveau 2, affirme Bertrand Achte, président du Gappi. Dans les Flandres, la culture de petits pois de conserve a été réintégrée dans l’assolement de nombreuses fermes, car les industriels ont revalorisé les contrats conclus avec leurs agriculteurs partenaires. Or cette légumineuse est un atout pour renforcer l’éligibilité aux aides Ecorégime ».