Sur le marché européen, les pays importateurs de céréales sont passés aux achats dès le début de l’été. Ils profitent des prix des grains bon marché, revenus à des niveaux inférieurs de près de 20 €/t à ceux de 2021 et de 100 € par rapport à 2022 à la même époque.

En deux mois de campagne, le Maroc a déjà acheté 1,05 million de tonnes de blé et la Chine, près de 900 000 tonnes d’orges. Toutes destinations confondues, l’Union européenne (UE) a exporté en deux mois 5 Mt de blé et 1,45 Mt d’orge.

La France figure en tête des pays exportateurs mais, sur le marché du blé, elle est devancée par la Roumanie (1,3 Mt) et la Pologne (1 Mt).

À l’import, l’Ukraine est devenue le principal partenaire commercial de l’UE, le blé dur mis à part. Le pays a exporté 700 000 t de blé, 251 000 t d’orges, et 1,6 Mt de maïs depuis le début du mois de juillet. L’Ukraine devance ainsi largement le Brésil, qui n’a expédié que 660 000 t de maïs.

Le 15 septembre prochain, l’Ukraine prendra connaissance des nouvelles règles d’accès au marché européen des céréales. Actuellement, il est interdit par la Pologne, la Hongrie, la Slovaquie, la Bulgarie et la Roumanie, sauf en cas de transit vers d’autres pays de l’Union ou vers des pays tiers.

En attendant, l’UE est une région importatrice majeure de grains. Près de la moitié des 5 Mt déjà achetées en deux mois proviennent d’Ukraine. Et près de la moitié de ces grains est du maïs.

Ces importations approvisionnent essentiellement l’Espagne qui endure une sécheresse spectaculaire. Madrid ne se contente pas d’acheter du grain sur le marché européen, et français en particulier, mais aussi hors de l’UE. En deux mois, l’Espagne a importé 545 000 t de blé, 331 000 t d’orges et 941 000 t de maïs (récolte 2022). Mais les dernières années, elle achetait déjà de grandes quantités de maïs.

Dans les prochaines semaines, la péninsule ibérique pourra davantage compter sur le marché européen, et sur la France en particulier, pour s’y approvisionner. En Ukraine, les 7 Mt de maïs exportables en moins durant la campagne 2023-2024 (22 Mt, contre 29 Mt un an auparavant) sont compensées par la hausse de 10 Mt de la production européenne à 62 Mt (dont 11,2 Mt en France).

4,1 Mt de blé dur du Canada

Sur le marché du blé dur, l’UE a déjà importé 433 000 tonnes, de Turquie majoritairement (310 000 t). L’Italie en a acquis à elle seule 347 000 tonnes. Elle est de loin le premier pays européen importateur de blé dur.

Le Canada a à peine fini sa moisson. Il n’a expédié vers l’UE que 54 000 t de blé dur, puisées dans ces stocks. Et durant la campagne 2023-2024, il ne pourra en exporter que 4,1 Mt. En effet, il ne récolte que 4,9 Mt de blé dur et, à la fin de la campagne passée, il a vidé ses silos.

Les cours européens du blé tendre évoluent sous la pression de l’offre russe. Le site Sovecon.ru annonce que la Russie pourrait exporter 48,6 Mt de blé. Le pays en aurait déjà vendu 5 Mt depuis le mois de juillet. En Égypte, le Gasc a récemment acheté 480 000 t de blé russe, mais seulement 120 000 t à la France.

La fermeture contrainte du trafic maritime depuis les ports de la mer Noire ne tend pas les cours des céréales. L’Ukraine renforce ses corridors terrestres et fluviaux pour écouler ses récoltes. Depuis les ports de la Baltique, jusqu’à 10 Mt de grains pourraient être exportées et, sur le Danube, des ports fluviaux croates prennent le relais des ports ukrainiens endommagés par des bombardements récurrents de l’armée russe.

L’hiver prochain, l’Australie offrira moins de blé à l’export que cette année. El Niño, et la sécheresse qui s’ensuit, réduisent d’ores et déjà la production potentielle de blé à 25,4 Mt (-15 Mt sur un an).

Mais la safrina récoltée, le Brésil aura finalement produit 135 Mt de maïs en 2022-2023. Et cette campagne-ci, il sera en mesure d’en exporter 59 Mt.