Retour de tendance haussière sur le marché mondial du sucre !
Alors que l’on approche de l’ouverture de la prochaine campagne indienne, dans un mois, l’ISMA, l’Association des fabricants de sucre du pays, vient de publier son estimation de production : elle anticipe une production de sucre à 31,7 Mt, alors que le marché attendait plus d’1 Mt supplémentaire.
Et encore, les rendements restent très incertains dans ce pays largement dépendant des moussons, ces pluies diluviennes aux intensités très aléatoires. Alors que l’on s’attend à les voir se réduire à moyen terme du fait de l’évènement climatique El Niño, c’est le contraire qui s’est produit cet été : en juillet, New Dehli a reçu 153 millimètres de pluie en un seul jour, un record en quarante ans !
D’ailleurs, fin août, le gouvernement a prévenu qu’il attendrait la mi-octobre pour annoncer le volume de sucre exportable. Car, en Inde, pour pouvoir exporter du sucre, les intervenants doivent disposer d’une licence, accordée par le gouvernement – cela lui permet d’ajuster l’offre à la demande dans un pays de presque 1,5 milliard de consommateurs.
Cette annonce a eu l’effet d’une douche froide : pour mémoire, le pays avait exporté plus de 4 Mt l’an dernier, et 11 Mt il y a deux ans. Et, avec des stocks désormais au plus bas, il est tout à fait possible que le pays n’accorde aucune licence à l’export pour la prochaine campagne, de manière à contenir les prix domestiques à la veille des élections nationales du printemps 2024 – c’est d’ailleurs ce qu’il vient de faire pour le riz.
Dès lors, les spéculateurs, qui avaient un peu réduit leurs volumes à l’achat, sont revenus en trombe sur le marché : ce dernier a franchi les 26 cts/lb alors qu’il avait passé l’été sous les 24 cts/lb.
En Europe, la campagne commence tôt. Très tôt même en Pologne, où l’on a arraché dès le 28 août, bien que les betteraves y soient, comme un peu partout dans l’Union, peu concentrées en sucre. Le rendement prévisionnel reste autour de la moyenne quinquennale : un vrai soulagement après les craintes des semis tardifs et des peurs liées à la jaunisse. Résultat : le marché du spot se relâche un peu, mais reste au-dessus des 950 €/t sortie sucrerie française. C’est d’ailleurs le montant attendu pour le sucre qui sera commercialisé sur la saison prochaine.