Malgré une amélioration de la conjoncture céréalière, la concurrence entre les transformateurs du secteur reste forte sur la scène internationale. Le groupe Soufflet, qui a réalisé un chiffre d’affaires de 4,886 milliards d’euros en 2018-2019, progressant de 4 %, le sait. L’entreprise familiale, qui ne communique pas son résultat net, a fait état d’une hausse de 10 millions d’euros de son Ébitda, à 164 millions d’euros. Pour maintenir sa rentabilité, le géant français mise sur une montée en gamme de ses activités, avec plusieurs investissements, notamment en meunerie et en malterie. Des travaux sont prévus en 2020 au silo de Rouen (Seine-Maritime), pour améliorer le chargement et installer un nouveau portique. Dix millions d’euros de financement sont annoncés. Le groupe prévoit par ailleurs la construction d’un nouveau moulin à Corbeil-Essonnes (Essonne), doté d’équipements ultramodernes, avec un pilotage à distance. Trente-cinq millions d’euros seront investis pour remplacer des structures vieillissantes, devenues inadaptées. La production quotidienne de farine sera de 900 t, en conventionnel et en filières qualité (Label rouge, bio…), contre 1 350 t/jour auparavant. « Cette baisse provient de la concurrence accrue de la Turquie qui bénéficie de subventions pour exporter ses farines », affirme Jean-Michel Soufflet, le PDG du groupe, regrettant que la meunerie française « soit sacrifiée sur l’autel des intérêts politiques européens ».
Transformer l’offre
Dans un souci d’adaptation de son offre à la demande, le groupe entend « ne plus aller de la fourche à la fourchette mais de la fourchette à la fourche », en devenant le premier fournisseur de farines issues de filières qualité. « Il faut que l’on se transforme pour être en adéquation avec les nouveaux marchés et que l’on continue d’aller vers des métiers plus rémunérateurs », insiste Jean-Michel Soufflet. Outre son futur moulin de Corbeil-Essonnes, un premier moulin 100 % bio, d’une capacité de 24 000 t/an, a été inauguré en avril 2019, à Lozanne (Rhône). Il s’agissait d’un ancien moulin, trop petit, qui avait été arrêté. Le groupe a doublé sa collecte de céréales bio l’an passé, avec 18 500 tonnes, et vise les 23 000 tonnes en 2023, selon le directeur général du groupe, Christophe Passelande. Du côté de la malterie, le groupe entend poursuivre ses efforts pour répondre à la demande des brasseurs artisanaux, notamment pour des malts bio. Il a d’ailleurs fait certifier sa malterie de Pithiviers (Loiret) en bio. « L’offre bio existe depuis de nombreuses années. Aujourd’hui, nous voyons l’ensemble de nos clients s’intéresser à ce marché. Nous sommes les seuls à pouvoir produire l’ensemble de la gamme de malt sur le territoire français », se félicite Christophe Passelande, qui reconnaît que « la consommation évolue plus vite aujourd’hui que la production ».
Adrien Cahuzac