« Agritel estime la récolte française de blé tendre à 34,93 millions de tonnes. Cette moisson qui traîne encore en longueur, déçoit tant en quantité qu’en qualité », annonce Michel Portier, directeur général d’Agritel, une société de conseil indépendante, experte sur les marchés de l’agri-industrie. Certes la production de blé française 2021 remonte après une très mauvaise année 2020 et ses 29,18 Mt, mais elle reste décevante car elle n’atteint pas la moyenne des 10 dernières années. La surface cultivée est dans la moyenne (4,94 Mha selon le ministère de l’Agriculture), mais le rendement est en retrait à 70,7 q/ha soit -1 % par rapport à la moyenne des dix dernières années.
« À début juin, les cultures étaient prometteuses. La récolte 2021 s’annonçait dans le top 4 des meilleures productions historiques à près de 38 Mt. À la fin des moissons, c’est une vraie déconvenue », ajoute Michel Portier. « Les intempéries à répétition pendant l’été ont pénalisé le bon remplissage des grains et en ont dégradé la qualité ».
La plupart des régions accusent ces mauvais résultats avec une plus ou moins grande intensité selon les précipitations qui cumulent parfois sur des records jusqu’à 300 mm depuis la floraison.
Un important travail du grain
La part de blé meunier reste majoritaire en France. « Nos débouchés meuniers traditionnels pourront toutefois être honorés », détaille Michel Portier. Néanmoins, un important travail du grain sera nécessaire en amont, tandis que des aménagements de cahier des charges devront être âprement négociés.
La part de blé fourrager sera quant à elle bien supérieure aux autres années principalement en raison de poids spécifiques (PS) très bas. Le débouché de l’alimentation animale français et européen ne suffira pas. « Nous devrons probablement exporter ces blés sur le marché fourrager mondial qui se situe essentiellement en Asie », prévient Michel Portier. Dans ce contexte, l’écart de prix se creuse de jour en jour entre blé meunier et blé fourrager.
Le prix du blé meunier coté sur le marché Euronext est au plus haut depuis huit ans. Il avoisine les 250 €/t sur l’échéance Décembre 2021, soit une hausse de +35 % sur un an.