La sucrerie de Sainte-Émilie a investi 25 millions d’euros dans un sécheur vapeur, un projet salué par France Relance et soutenu par l’Ademe à hauteur de 7 millions d’euros. Par ce procédé novateur, la vapeur émise lors de la déshydratation des pulpes est récupérée pour alimenter le process de fabrication du sucre.
40 000 tonnes de CO2 en moins
« Le sécheur vapeur, de 20 m de haut et 8 m de diamètre, est installé près de l’atelier à pulpes, explique Thierry Cousson, directeur du site de Sainte-Émilie. Le turbo et la chaufferie l’alimentent en vapeur pour déshydrater les pulpes. La vapeur excédentaire ainsi produite ressort au travers des grilles et est récupérée dans une caisse d’évaporation pour concentrer les jus de betteraves. Ce process s’inscrit dans une vraie démarche circulaire ». Avec sa puissance moteur de 1 800 kW, le sécheur vapeur déshydrate 75 tonnes de pulpes surpressées par heure, pour un temps de séjour de 6 à 10 minutes (20 minutes pour un sécheur classique). « Nous optimisons ainsi le schéma énergétique de l’usine », se félicite Thierry Cousson.
Cette installation complexe permet à la sucrerie de Sainte-Émilie de réduire de 40 000 tonnes ses émissions de CO2 par an et de collecter 130 000 m3 d’eau supplémentaires aux 600 000 m3 actuels utilisés pour l’irrigation des cultures. Cette performance s’explique en partie par l’arrêt de l’utilisation de charbon dans l’atelier de déshydratation d’Epénancourt, les pulpes étant maintenant déshydratées sur le site de Villers-Faucon qui expérimente, à grande échelle, un système optimisé pour contribuer à accélérer sa décarbonation.
Zéro m3 d’eau prélevé en 2030
« La sucrerie de Sainte-Émilie illustre la parfaite dynamique de la performance industrielle, se réjouit Pascal Hamon, directeur industriel du groupe Cristal Union. Nous avons amorcé la transition énergétique dès 2015 avec l’arrêt du fioul au profit du gaz naturel ». Grâce à la performance du site, les émissions de gaz à effet de serre (GES) ont été réduites de 15 % et la consommation énergétique baissée de 8 %. Depuis 2018, le site est devenu autonome en eau. « La betterave contient 75 % d’eau, souligne Thierry Cousson. Nous avons adapté nos circuits pour réutiliser au maximum cette ressource ». Pascal Hamon complète : « en 2030, nous visons l’autonomie en eau de tous les sites du groupe avec zéro prélèvement pour fabriquer aussi bien du sucre que de l’alcool. À l’horizon 2050, nous visons leur autonomie énergétique. Avec seulement 55 % des pulpes, une sucrerie-distillerie comme celle d’Arcis-sur-Aube (10) peut devenir autonome énergétiquement ».