L’autorisation d’utilisation du glyphosate actuellement en vigueur au niveau européen arrive à expiration le 15 décembre prochain. Le jeudi 6 juillet 2023, l’agence sanitaire européenne (l’Efsa) a rendu son rapport sur cette molécule. À l’issue d’une évaluation scientifique de trois ans, elle n’a identifié aucun domaine de préoccupation critique, en ce qui concerne les risques pour l’homme, pour l’animal ou pour l’environnement. Auparavant, l’agence européenne des produits chimiques (Echa), avait conclu que la substance ne présentait pas « les critères scientifiques requis pour être classée dans la catégorie des substances cancérogènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction ».
La plateforme glyphosate France (PGF), qui réunit les différents fabricants de glyphosate en France, souligne que le rapport de l’Efsa confirme les conclusions des autorités sanitaires du monde entier qui étudient le glyphosate depuis 50 ans. Certes, le Centre international de recherche sur le cancer (Circ) avait classé la célèbre molécule dans la catégorie « cancérogène probable » en 2015, tout comme les boissons chaudes de plus de 65°C et la viande rouge, ouvrant la voie à de nombreuses polémiques. Cependant, Jérôme Pierrard, l’expert réglementaire de la PGF, précise que l’agence (qui dépend de l’OMS, l’Organisation mondiale de la santé) n’est impliquée dans aucun processus d’homologation dans le monde. Par ailleurs, il explique que l’étude était partielle et portait davantage sur le danger que sur le risque avéré.
Une décision politique
Le glyphosate est-il donc ré-homologué pour autant ? Non, pas encore. À la différence de l’échelon national où les produits phytosanitaires sont homologués par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), au niveau européen, ce sont les politiques qui tranchent. La Commission européenne va donc proposer un texte sur lequel les États membres, réunis au sein du Scopaff, se prononceront. Quelle va donc être la position de la France ? Le mardi 11 juillet 2023, Marc Fesneau a déclaré dans l’hémicycle de l’Assemblée Nationale : « la position que va porter la France, c’est que partout où l’on peut trouver des alternatives pour sortir du glyphosate, on puisse avancer sur le sujet, ce que nous avons fait depuis 2017 ». Se pose alors la question de savoir quelles sont les alternatives à l’utilisation de la molécule en pré-semis de culture de printemps, comme c’est le cas pour le semis de betterave sur labour. Pour rappel, lors de la prolongation de l’homologation du glyphosate en décembre dernier, la France avait choisi l’abstention. À noter que, contrairement aux trois autres textes évoqués ici, le Parlement européen ne rentre pas dans la procédure de ré-homologation du glyphosate.
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