La Commission européenne a publié, le 5 juillet, sa nouvelle étude sur l’impact socio-économique de la proposition de règlement européen sur l’utilisation durable des produits phytopharmaceutiques (SUR). Une étude qui doit répondre à la demande formulée en décembre 2022 par les ministres de l’Agriculture de l’UE de disposer de données supplémentaires sur l’impact de ce règlement. Les objectifs de réduction des pesticides proposés « ne sont pas une menace à la sécurité alimentaire de l’UE », assure Bruxelles. Au contraire, ajoute la Commission, « tout manquement actuel à l’objectif de réduction des pesticides aurait des effets à long terme et potentiellement irréversibles sur notre sécurité alimentaire à l’avenir ».
La Commission pense atteindre ses objectifs en portant ses efforts de baisse des pesticides sur des cultures qui ne sont pas « essentielles », comme le raisin, les tomates et le houblon…
Donc selon la Commision, tout va bien, il n’y a pas de menace sur la souveraineté alimentaire ! On peut s’en étonner car l’étude d’impact qu’avait conduite l’USDA (ministère américain de l’agriculture) était radicalement différente, montrant une baisse significative de la production agricole européenne et le besoin d’importer davantage.
« Le résultat est sans appel : une baisse significative de la production est prévue sur la vigne et le houblon », note la députée européenne (PPE) Anne Sander. Mais la commission ne semble pas s’en émouvoir puisque ces productions sont « d’une importance limitée pour la sécurité alimentaire », indique-t-elle.
Les résultats de cette étude d’impact sont également jugés « alarmants » par les viticulteurs européens. Les projections montrent en effet des reculs de production estimés à -28 % pour les raisins en France, -20 % en Italie et -18 % en Espagne, soulignent l’assemblée des régions européennes viticoles (AREV), le Copa-Cogeca et l’EFOW (fédération européenne des vins d’origine) dans un communiqué commun.
Pour atteindre ses objectifs, la Commission compte aussi sur le passage à 25 % des surfaces en agriculture biologique et sur les sauts technologiques permis notamment par l’utilisation des NGT … Le problème est qu’elle ne prend pas en compte le délai de mise en œuvre de ces nouvelles techniques de génomique : on est en effet encore loin de cultiver des semences issues des NGT en Europe !
Rappelons que le projet de règlement SUR impose la réduction des produits phytosanitaires dans tous les États membres, pour atteindre collectivement moins 50 % d’ici à 2030. Il prévoit également une interdiction de tous les pesticides dans les zones sensibles telles que les zones Natura 2000 ou « écologiquement sensibles, à préserver en raison de la présence de pollinisateurs menacés ».
La proposition de la Commission devrait être examinée au Parlement européen par la Commission Envi en septembre et en octobre prochain, en session plénière. Selon certains observateurs, les négociations ne devraient pas aboutir avant les élections européennes
de 2024.
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