ANNE SANDER
LR – Groupe Parti Populaire Européen
« Même si le vote au Parlement européen n’a pas permis de rejeter le texte sur la restauration de la nature, nous sommes parvenus à y introduire du pragmatisme, se console Anne Sander qui siège en commission agriculture. La version proposée par la Commission et soutenue par la gauche et les députés macronistes était complètement hors sol et aurait eu un impact désastreux sur la production agricole et donc sur la sécurité alimentaire des Européens. Le texte prévoyait notamment 10 % de surfaces agricoles destinées à la biodiversité, entraînant ainsi une baisse de production, une hausse des prix et aurait conduit les Européens à acheter des denrées moins chères en provenance de l’autre bout du monde, et ne respectant pas les mêmes normes qu’en Europe. Cela aurait juste déplacé la pollution ailleurs tout en se donnant bonne conscience en Europe. Mais nous sommes parvenus, au travers de plusieurs amendements, à modifier le contenu proposé et à ramener du réalisme dans ce texte ». Concernant la proposition de la Commission sur les nouvelles techniques génomiques, Anne Sander estime « qu’elle est sur la bonne voie et permettra un développement raisonné de ces technologies dont nous avons besoin pour répondre au défi du changement climatique ». Cependant, elle met en garde : « il faut être conscient que la mise au point et la diffusion de ces nouvelles technologies prendront du temps et ne permettront pas à elles seules de remplir les objectifs de réduction énoncés par le règlement sur l’utilisation durable des pesticides, fixés à 2030 ».
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PASCAL CANFIN
Renaissance – Groupe Renew Europe
Président de la Commission de l’environnement du Parlement européen, Pascal Canfin est l’un des plus ardents défenseurs de la loi pour la restauration de la nature. Il a notamment ferraillé au Parlement contre les députés du Parti populaire européen (PPE) qui étaient vent debout contre ce texte. « Dire que 10 % des surfaces agricoles seront retirées, c’est faux. Ces 10 % sont indicatifs. C’est une moyenne européenne qui ne s’applique ni à chaque pays, ni encore moins à chaque ferme ».
Quant aux éventuels surcoûts pour les agriculteurs : « ils dépendront des plans nationaux qui seront mis en place. L’objectif est que 30 % des espaces dégradés soient soumis à des mesures de restauration d’ici 2030 ». Pascal Canfin imagine que les premiers 30 % pourront être « des milieux marins, des cours d’eau, des zones humides des forêts… C’est l’État français qui va le définir. Il va commencer là où c’est le moins cher au niveau économique ».
Pascal Canfin admet que 30 % des députés Renew se sont opposés à ce texte en commission Envi : « on assume cette division ».
Concernant les NGT, Pascal Canfin indique que « leur développement devra être lié à leur intérêt climatique et environnemental. Les NGT sont une solution pour diminuer les pesticides et pour avoir des semences adaptées au changement climatique ».
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GILLES LEBRETON
RN – Groupe Identité et Démocratie
« On a tous voté pour la motion de rejet du texte sur la restauration de la nature », explique Gilles Lebreton, qui siège à la commission de l’agriculture. « Il nous a semblé que ce texte était dangereux pour l’agriculture et la sécurité alimentaire. On a, entre autres, soutenu l’amendement visant à abandonner l’objectif de restauration des écosystèmes agricoles, amendement qui a été accepté. Nous sommes pour la protection de l’environnement mais la Commission nous propose un plan à marche forcée qui ne tient pas compte des nécessités économiques des agriculteurs ni de la sécurité alimentaire ». Selon Gilles Lebreton, le vote du 12 juillet est une demi-victoire car il estime que « le texte a été vidé d’une grande partie de son venin ».
Concernant le règlement SUR, le raisonnement de l’eurodéputé est le même : « la sécurité alimentaire est la priorité, avant même la protection de l’environnement », explique-t-il. Par ailleurs, il précise que toute les alternatives aux pesticides n’existent pas encore.
Enfin, concernant le récent texte sur les NGT, Gilles Lebreton affirme le regarder avec bienveillance : « si on est plutôt favorable à l’édition génomique, on ne l’est pas vis-à-vis des OGM qui relèvent de la transgénèse ».
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MICHÈLE RIVASI
EELV – Groupe des Verts/Alliance libre européenne
« La loi pour la restauration de la nature est très importante pour restaurer nos écosystèmes qui sont énormément abîmés. Notre mot d’ordre est : no nature = no food. Si l’on ne restaure pas la biodiversité, on ne peut plus parler de sécurité alimentaire. Il faut restaurer au moins 30 % des terres, sinon on ne pourra pas atténuer les changements climatiques et la biodiversité ».
Quand on l’interroge sur l’impact de la compétitivité de l’agriculture, Michèle Rivasi explique que « si l’on détruit tous les insectes avec l’utilisation intensive des pesticides, on ne pourra pas répondre à la sécurité alimentaire ». Et pour accompagner les agriculteurs qui feront face à des surcoûts, « il est important de demander aux États membres de participer au travers du 2e pilier ».
Concernant les NGT, elle estime que ces nouvelles techniques de sélection végétale doivent être soumises aux mêmes exigences d’étiquetage et d’évaluation d’impact que les OGM existants. « Ces nouveaux organismes brevetés peuvent avoir des effets inattendus, ainsi que le potentiel d’augmenter notre dépendance à l’industrie agrochimique, et doivent donc être rigoureusement surveillés par l’Autorité européenne de sécurité des aliments ».
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CHRISTOPHE CLERGEAU
PS – Groupe de l’Alliance Progressiste des Socialistes et Démocrates
« Le règlement sur la restauration de la nature n’a pas de conséquence directe sur le monde agricole. Concernant les 10 % évoqués par le PPE, il est vrai que le document de la Commission était flou, mais il n’est plus dans le compromis. Le texte proposé par la Commission européenne a été assoupli et il y aura encore des améliorations lors des trilogues. Il laisse à chaque État membre la définition des actions à mener ».
Concernant le règlement SUR, « mon inquiétude est que les choix soient différés. De nombreuses études montrent des présences graves de pesticides dans les milieux naturels. Il faut une adaptation rapide des pratiques agricoles ».
Quant au glyphosate, « l’Efsa n’a pas donné son feu vert pour son renouvellement. Elle n’a mis qu’un feu orange. J’estime que c’est désormais aux politiques de décider. Je suis contre le renouvellement, même s’il y a des difficultés de substitution ».
Sur les NGT « que j’appelle des nouveaux OGM, ma position est simple : je suis favorable à la science et à l’innovation, mais pas prêt à accepter la mise sur le marché ou en culture de produits issus de modifications génétiques, qui n’auraient fait l’objet d’aucune évaluation et sans en informer les consommateurs ».