« Cette planification écologique, on l’a appelée de nos vœux », a d’emblée déclaré le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, lors d’une conférence de presse en tant que président du Conseil de l’Agriculture Française (CAF). Une planification « choisie » mais pas « subie ». Et de rappeler tout de suite après que l’effort à consentir est colossal : réduire les émissions de l’agriculture de 81 Mt de CO2 en 2021 à 68 Mt en 2030, soit un effort équivalent à ce que nous avons fait ces 30 dernières années (on était à 92 Mt en 1990). Un chiffre annoncé le 22 mai dernier par la Première ministre, Élisabeth Borne, en même temps que l’objectif global de réduction de 138 Mt de gaz à effet de serre pour la France d’ici sept ans.
Prérequis
L’agriculture prendra donc sa part. Mais l’effort à fournir va embarquer deux à trois générations d’agriculteurs vers un nouveau cap et un changement d’état d’esprit complet.
Avant d’engager l’agriculture sur ce chemin, Arnaud Rousseau a énoncé quelque prérequis : « avoir des objectifs cadrés, une méthode de travail et des rendez-vous réguliers pour mesurer le travail engagé… Et surtout que la souveraineté alimentaire française reste de la colonne vertébrale du développement de nos exploitations. »
Sébastien Windsor, le président de Chambres d’Agriculture France a ajouté : « Cette planification devra apporter de la cohérence et redonner du sens aux agriculteurs pour atténuer le changement climatique en ingérant les perspectives économiques. »
Concernant la cohérence des politiques, Sébastien Windsor a cité la directive nitrate qui demande de reculer les dates d’épandage pour éviter les infiltrations dans le sol, alors que les réflexions sur l’air nous poussent à les épandre plus tôt pour éviter l’évaporation.
Toutes les dimensions écologiques sont concernées : l’eau, la décarbonation des fertilisants, le stockage de carbone, la réduction d’émissions liées à l’élevage, la biodiversité… Le ministère de l’Agriculture rappelle également que plusieurs chantiers ont déjà été lancés : produits phytopharmaceutiques (27 février dernier), “plan eau“ annoncé par le Président de la république le 30 mars et pacte en faveur de la haie (9 mai). En tout, 15 leviers ont été définis pour réussir cette transition écologique de l’agriculture.
Maximiser la production
Selon Sébastien Windsor, la question est surtout de voir « comment on maximise la production de biomasse agricole pour capter le maximum de carbone. On ne réglera pas les problèmes de changement climatique en baissant la production et en important de produits qui ont un impact sur les gaz à effet de serre. »
Enfin, pour le président de la FNSEA, « il faudra s’assurer que la vision française soit a minima partagée par nos partenaires européens. »
– Infrastructures agroécologiques (haies)
– Couverts Intermédiaires (CIVE, CIPAN, CI)
– Autres pratiques stockantes de CO2
– Fixation d’azote par les légumineuses
– Développement de l’Agriculture Biologique
– Evolution des assolements (notamment face aux enjeux de l’eau)
– Evolution des pratiques d’élevage
– Méthanisation des effluents d’élevage
– Décarbonation des machines agricoles
– Réduction de l’usage et des risques des phytosanitaires
– Bonus-Malus engrais
– Décarbonation et relocalisation industrie engrais
– Exigence de durabilité le long de la chaîne alimentaire
– Alimentation : régimes alimentaires, fruits et légumes, gaspillage, précarité
– Bio-déchets