Voilà dix ans bientôt que le confiseur familial Kubli a retrouvé une seconde jeunesse et le chemin de la croissance. Pourtant en 2009, rien ne semblait gagné. La société fondée à Paris par Jacques Kubli en 1900 n’est plus que l’ombre d’elle-même. L’entreprise perd de l’argent depuis cinq ans et son activité commerciale est en forte dégradation. Longtemps responsable commercial dans l’agroalimentaire, chez Danone et Jacquet notamment, Gilles Duault décide de racheter le confiseur familial en novembre 2009, installé à Morangis (Essonne). L’arrièrepetite- fille du fondateur, Béatrice Kubli est alors aux commandes et cherche à prendre sa retraite. Le repreneur investit dans l’entreprise et remet alors toute la stratégie à plat. « Il a fallu aller voir les clients un par un pour leur redonner confiance, ainsi que les salariés », se rappelle-t-il. Parallèlement, il revoit les recettes pour répondre aux attentes des consommateurs. « Nous avons remplacé les colorants et arômes artificiels par des produits naturels », explique-t-il.
Difficultés d’approvisionnement sur le sucre bio
En dix ans, l’entreprise connaît une forte croissance, passant de 1,242 million d’euros de chiffre d’affaires en 2009 à 2,3 millions en 2018, dont 39 % à destination des grossistes, 25 % comme façonniers, 12 % aux industriels de l’agroalimentaire, 11 % aux apiculteurs et 12 % seulement aux magasins (détaillants, supers et hypermarchés). Il achète 300 tonnes de saccharose par an au groupe Tereos et 250 tonnes de sirop de glucose de blé à Roquette, pour réaliser 550 tonnes de bonbons. Après avoir diversifié les gammes, des berlingots aux cacahuètes feuilletées en passant par les bonbons fourrés et les sucettes, Gilles Duault mise maintenant sur les bonbons bio depuis un an. Que ce soit une mode ou une tendance de fond, la demande des clients est là, constate-t-il. Mais pas facile. « Faute de sucre de betteraves bio disponible en France, nous avons d’abord été obligés d’importer du sucre de canne bio du Brésil », confie-t-il. Le résultat n’est cependant pas satisfaisant pour le patron. « Le sucre était trop brun. Ça colorait trop les bonbons. Nous avons été obligés d’acheter du sucre bio, plus clair, de Thaïlande. C’est une hérésie ! », estime Gilles Duault, qui attend avec intérêt le sucre de betteraves bio tricolore. Nul doute que les sucriers français sauront lui en proposer prochainement. En attendant, Kubli poursuit ses efforts à l’export, où il réalise 30 % de ses ventes en valeur. Il aimerait mutualiser ses forces commerciales avec d’autres PME de l’agroalimentaire, complémentaires à son offre, pour réduire ses coûts.
Adrien Cahuzac