C’est un sentiment de morosité qui a marqué les cours du sucre sur l’été : la fin août affiche à nouveau des cours autour des 11,5 cts/lb, soit un niveau dans la moyenne basse des cours observés depuis le début de la campagne. Les éléments macroéconomiques affectant le marché du sucre ont joué à plein, semblant faire oublier que les fondamentaux mériteraient bien mieux !
D’abord les parités monétaires, malmenées avec les tensions économiques internationales : le réal souffre une fois de plus face au dollar, et il faut de nouveau plus de 4,1 réal pour avoir 1 dollar, soit une perte de près de 10 % par rapport à la mi-juillet. Cela pèse sur les cours du sucre, en dollar, même si cela est moins visible en euro car notre monnaie souffre également : elle a perdu 2 % sur l’été en passant même, momentanément, sous les 1,11 €/$, ce qui ne s’était pas vu depuis deux ans.
Le pétrole est à nouveau passé sous les 60 $/baril. Cela n’affecte cependant pas réellement l’éthanol brésilien, qui reste très plébiscité par l’industrie cannière brésilienne : sur les 4,5 premiers mois de la campagne brésilienne, moins de 36 % de la canne a fait du sucre, et la situation est inchangée sur la première quinzaine d’août. Mais le signe donné par les spéculateurs doit être pris au sérieux ; ils n’envisagent pas de reprise… Ils reviennent à des positions de vendeurs-nets dans des proportions une fois de plus historiques : plus de 8,5 Mt !
Cela place le sucre sous une chape de plomb, alors que nous sommes à la veille d’une entrée en campagne déficitaire. F.O. Licht estime désormais que, entre octobre 2019 et septembre 2020, le déficit mondial sera de 4,2 Mt.
C’est ainsi que certains pays redeviendraient importateurs nets après avoir été exportateurs net l’an dernier : on pense au Pakistan, mais aussi à l’Union européenne. D’ailleurs, le marché spot européen reste robuste, autour de 420 €/t sortie usine : une valeur qui pourrait servir de base dans les négociations pour la campagne prochaine, et permettant de valoriser, pour ce marché, les betteraves au-delà de 27 €/t hors pulpe.
Timothé Masson, CGB