L’Autriche est le premier pays européen à interdire le glyphosate au nom du principe de précaution. Une décision que le principal syndicat agricole européen espère voir retoquer par Bruxelles, qui a autorisé l’utilisation de l’herbicide jusqu’en 2022. Un article de notre partenaire européen Euractiv.
Le 2 mars 2019, l’Autriche est devenue le premier pays européen à imposer une interdiction totale du glyphosate, l’herbicide le plus utilisé et controversé au monde. Le projet de loi doit encore être approuvé par le Conseil fédéral — la chambre haute du Parlement — et le président.
Le pays a décidé de bannir l’herbicide controversé au nom du « principe de précaution ». Une décision qui a été largement contestée car la licence d’utilisation du glyphosate dans l’UE a été renouvelée par l’exécutif européen jusqu’au 15 décembre 2022, après de nombreux débats.
Par conséquent, le gouvernement autrichien aura besoin de l’approbation de la Commission européenne pour l’interdiction qu’il a présentée.
Un porte-parole de la Commission contacté par Euractiv n’a pas voulu s’exprimer sur l’état d’avancement de la loi autrichienne.
Le responsable de l’UE a cité la directive sur la transparence du marché unique selon laquelle les États membres sont contraints de notifier la Commission de tous les projets de réglementations techniques avant qu’ils soient transposés dans le droit interne. « Il s’agit d’un mécanisme préventif et technique qui permet à la Commission et aux États membres de réagir », a-t-il ajouté.
L’ONG Les amis de la terre Europe a averti des méfaits du glyphosate sur l’environnement, avançant que l’herbicide pouvait contaminer non seulement les sols de zones traités et aux alentours, mais aussi la biodiversité.
« Il est de notre devoir d’interdire ce poison de notre environnement », a déclaré Pamela Rendi-Wagner, Présidente fédérale du Parti social-démocrate d’Autriche.
Dans une étude menée par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) en 2015, les scientifiques ont conclu que l’herbicide était « probablement cancérigène pour l’homme ».
A l’inverse le produit chimique n’a pas été jugé probablement cancérigène par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) et l’Agence européenne des produits chimiques (AEPC). Des positions qui ont notamment été avancées par la Commission européenne lors de la décision de prolonger l’autorisation de l’herbicide en 2017.
Quelle alternative ?
Selon la Copa-Cogeca, les agriculteurs ont toujours besoin du glyphosate pour des mesures telles que le verdissement et le semis direct afin d’éviter l’érosion, la dégradation du humus et pour éliminer les mauvaises herbes.
« Au vu de tous ces problèmes, les agriculteurs se demandent quelle sera l’alternative et quelle sera la solution pour lutter contre le changement climatique », insiste le syndicat agricole.
Selon l’association des agriculteurs européens, le problème est que la réponse à cette question n’arrivera au plus tôt qu’après les élections de septembre, reste à savoir quel gouvernement sera élu et de quelle manière il procèdera.
La Copa-Cogeca soutient donc qu’une solution pourrait être de réduire l’utilisation privée du glyphosate, comme l’a réclamé le Parti populaire autrichien (ÖVP, affilié au PPE), ou avant la saison des récoltes.
Elle ajoute qu’une étude importante réalisée par l’Université des ressources naturelles et des sciences de la vie (BOKU) de Vienne propose deux autres exemples de réduction du glyphosate dans l’agriculture : dans les pâturages et dans la production de fruits et de vin.
Sarantis Michalopoulos (Euractiv.com) – traduit par Marion Candau