« Les pucerons sont arrivés plus tôt que ce qui avait été prévu », a expliqué Fabienne Maupas, la directrice scientifique de l’ITB, à l’assemblée générale de la CGB Centre-Val de Loire, le mardi 16 mai 2023. Ils ont été détectés dès le 12 avril dans cette région, mais, grâce aux températures relativement fraîches, ils se sont développés plus modérément qu’en 2020. « Les régions les plus touchées sont le sud de Paris, la Normandie, le littoral de la Somme, l’Oise », explique-t-elle. « Et la pression augmente avec le retour de la chaleur, notamment en Picardie », complète Ghislain Malatesta, le directeur de l’expérimentation et de l’expertise régionale de l’Inistitut technique de la betterave (ITB). Attention aux zones où les betteraves ont été semées très tardivement, alerte Fabienne Maupas : elles pourraient être attaquées au stade très précoce.
Cependant, la situation aura évolué entre l’écriture de ce papier (le 17 mai) et l’arrivée du Betteravier français dans vos boîtes aux lettres. L’ITB invite les planteurs à suivre très régulièrement l’avancée des pucerons grâce à la carte Alerte Puceron disponible sur http://pucerons.itbfr.org. « Mais surtout, 10 jours après chaque traitement, il faut reprendre les observations sur les parcelles », conseille Ghislain Malatesta.
« Le Movento est aussi efficace que le Teppeki ».
Le Movento a moins bonne presse que le Teppeki. Pourtant, est-ce qu’il est vraiment moins efficace ? « Non, répond Fabienne Maupas, à l’occasion de l’assemblée générale de la CGB de l’Eure le mardi 9 mai 2023. En tout cas, pas dans les essais de l’ITB ». Certes, ce produit est plus efficace en conditions poussantes et il l’est moins que son cousin quand les températures sont basses. Mais l’agronome rappelle que le produit a d’autres avantages : il possède une systémie ascendante/descendante qui lui permet de protéger les nouvelles feuilles, ce que ne fait pas le Teppeki. « C’est pour cela que l’on conseille d’utiliser le Teppeki en première application et le Movento en deuxième, lorsque les températures sont plus favorables. Et, utilisés en bonnes conditions, l’un comme l’autre entraînent une baisse de 80 % environ des populations de pucerons au bout d’une semaine », explique l’ingénieur de l’ITB. À noter que l’ITB bannit toute utilisation de Karaté K pour lutter contre les pucerons de la betterave, même si certains distributeurs continuent de le conseiller. En effet, Fabienne Maupas rappelle que ce produit ne tue pas les pucerons verts mais porte atteinte aux auxiliaires.
Par ailleurs, Franck Sander, le président de la CGB, a rappelé à cette même occasion l’importance de pratiquer la lutte anti-puceron de façon rigoureuse, même si le ministre de l’Agriculture a promis une indemnisation totale des pertes causées par la jaunisse.