La première évolution c’est le pétrole, qui poursuit sa progression. Le Brent approche désormais les 68 $/baril : il a tout de même gagné presque 35 % depuis Noël dernier ! Or, traditionnellement, lorsque la valeur du pétrole monte, il entraîne avec lui l’éthanol brésilien, ce qui convainc les sucriers du pays d’orienter majoritairement leur canne vers ce débouché plutôt que vers le sucre. Or, et peut être en anticipation de l’ouverture de la campagne brésilienne, ce n’est pas le cas ces dernières semaines… Et cela limite la reprise du marché. D’autant que la monnaie du principal exportateur de sucre pèse également. L’effet du nouveau président brésilien semble même envolé : il faut à nouveau près de 3,9 BRL par dollar, ce que l’on n’avait pas vu depuis son élection.
Enfin, les spéculateurs n’anticipent pas de reprise et, par leurs positions, l’empêchent même. Ils reviennent en effet fortement à la vente : ils sont nets-vendeurs de plus de 6 Mt, ce qui ne s’était pas vu depuis octobre dernier. Jusqu’à devenir un possible élément haussier, lorsqu’ils modifieront leur perception du marché ?
En tout cas, l’anticipation à la baisse des fonds doit probablement venir, en partie, des annonces de récoltes correctes en Inde et en Thaïlande. Mais ce mouvement semble plus proche du “weather market“ que de l’analyse. Dans tous les cas, cela montre un marché fébrile, alors même que l’Inde va devoir faire
face à une demande de consultation à l’OMC lancée par le Brésil et l’Australie.
Enfin, du côté européen, peu de changement semble à l’oeuvre, à la veille des semis. On estime que l’Union européenne sèmera environ 5 % de moins cette année, ce qui devrait conduire à un bilan serré sur 2019-2020. La reprise du marché spot, certes sans volume mais au-dessus de 400 €/t (sortie usine française) pourrait-elle être une indication pour les bases de négociations commerciales concernant le sucre produit à partir des betteraves actuellement semées ?
TIMOTHÉ MASSON, CGB