La majorité (58 %) des agriculteurs interrogés se sentent utiles dans leur travail. L’enquête sur le sens du travail en agriculture publiée en 2020 et réalisée par Alice Martinet, étudiante dans le cadre du Master de psychologie sociale, du travail et des organisations de l’université de Reims Champagne-Ardenne (URCA) a bénéficié de l’aide de l’Adasea 51 et de la chambre d’agriculture de la Marne. 319 agriculteurs marnais ont été interrogés sur deux points : le risque de burn-out et le niveau de sens qu’ils trouvent dans leur travail. « On s’interrogeait au départ sur le fait d’être plus en risque de burn-out lorsqu’on trouvait du sens dans son activité, parce qu’on était plus impliqué ou au contraire, si cela pouvait nous en sauver », explique Alice Martinet. « Le fait de se sentir utile au travail, d’appartenir à un collectif, qui œuvre pour la même cause, c’est ce qui définit le sens du travail », ajoute-t-elle. « Les mots-clés les plus répertoriés, parmi les réponses apportées sont « produire » et « saison », ce qui reste significatif », observe l’étudiante en charge de l’enquête. Toutes les personnes interrogées se sont investies dans leurs réponses, « pour certains c’était même très étayé, ils avaient à cœur d’y répondre. Le fait qu’on leur tende le crayon pour qu’ils parlent de leur travail comme quelque chose de positif a dû jouer », analyse Alice Martinet. Sur les 58 % qui trouvent un sens élevé dans leur activité, 99 % d’entre eux ne se sentent pas concernés par le risque de burn-out. Seulement 7 % des agriculteurs interrogés y trouvent peu de sens, contre 29 % sur l’ensemble des Français (étude Randstat 2020).
49 % des agriculteurs en situation dangereuse
« Le nombre d’agriculteurs en risque ou en burn-out a interpellé les OPA, ainsi que les sénateurs et députés qui ont lu l’étude », indique cependant Alice Martinet. 49 % des agriculteurs interrogés se trouvent en situation dangereuse, soit 18 % en burn-out et 31 % en risque de burn-out. Les attaques sur le métier, par la population et via les médias, restent l’un des leviers principaux de destruction de sens, qui peut amener à un découragement de la part des agriculteurs, notamment en polyculture. La pression financière des banques, assurances et impôts reste en revanche sans impact pour eux. Les contraintes administratives, réglementaires et environnementales jugées « absurdes » affectent davantage les personnes âgées entre 50 et 65 ans. Le fait de produire au rythme des saisons, de nourrir le territoire, ou de transmettre une exploitation à ses enfants fait partie des éléments qui alimentent le niveau de sens au travail. « Les sources ayant un impact positif (…) citées dans cette étude peuvent être utilisées comme leviers d’action pour aider un exploitant à retrouver plus de sens dans son travail (…), voire à sortir du burn-out », conclut l’étude.