Que pensez-vous des préconisations de Coop de France dans son Guide de gouvernance ?
En tant que vice-président de Coop de France et partie prenante du groupe de travail qui a rédigé ce guide, je suis naturellement en phase avec ces préconisations. Dans le contexte de la loi EGAlim et en droite ligne avec les résultats du Grand Débat Coopératif organisé par Coop de France, à l’heure où les attentes à l’égard du modèle coopératif s’expriment fortement, il est de notre devoir de faire preuve d’une démarche incitant à l’amélioration continue. Il s’agit de faire vivre notre gouvernance qui est un modèle démocratique exemplaire et de s’inspirer des bonnes pratiques déjà mises en place par les unes ou les autres. Nous avons souhaité que ce guide soit à la fois un outil d’évaluation et un outil évolutif qui se nourrira des remontées de terrain.
Y avait-il un besoin de faire évoluer la gouvernance des coopératives ?
Il s’agit moins de faire évoluer la gouvernance des coopératives agricoles, dont les principes ont souvent fait leurs preuves, que d’inciter à la réflexion chaque coopérative quant aux pratiques de gouvernance qu’elle met en œuvre, ainsi qu’à leurs axes d’amélioration. Il est toujours utile de remettre à plat les principes de gouvernance pour s’assurer qu’ils sont bien en phase avec les attentes, non seulement des associés coopérateurs, mais également de la société. Le besoin est davantage d’adapter les pratiques de gouvernance aux attentes des associés coopérateurs dans un contexte économique toujours bousculé qui ne préserve pas, loin s’en faut, les coopératives agricoles qui sont bien souvent en première ligne.
Quelles sont les principales mesures que vous mettez en œuvre chez Cristal Union pour tenir compte des attentes ?
Les fondateurs de Cristal Union ont adopté, dès sa création en décembre 1998, le statut de coopérative agricole à conseil d’administration et direction générale. Cela préserve un équilibre de gouvernance associant étroitement le conseil d’administration, qui est l’organe central de décision et d’orientation, à la direction générale qui orchestre les décisions et orientations ainsi prises, tout en étant force de propositions.
Élus et direction de Cristal Union sont convaincus que cette forme de gouvernance par conseil d’administration est particulièrement bien adaptée au modèle coopératif, dans la mesure où toutes les décisions majeures sont prises par cette instance qu’il s’agisse des opérations de croissance externe ou de l’organisation juridique du groupe ou de la fixation de la valeur des apports des adhérents.
Il a été par ailleurs établi des conseils de section, qui assurent le suivi de proximité des relations avec les associés coopérateurs de chacun des bassins betteraviers.
Notre conseil d’administration est réuni une fois par mois. Ses séances sont construites pour permettre aux élus qui le composent d’être pleinement informés et consultés, pour qu’ils puissent s’exprimer et décider en connaissance de cause. Le conseil d’administration est saisi de toutes les questions qui touchent la vie de la coopérative et de ses filiales.
Par ailleurs, Cristal Union se livre à un exercice régulier de « révision », comme le prévoit la loi, qui a permis de souligner des résultats très positifs de sa gouvernance. Dans le cadre de la révision qui est faite par un organisme extérieur et indépendant, élus et associés coopérateurs sont notamment interrogés. Cela permet d’évaluer le degré de satisfaction des uns et des autres et permet de pointer, lorsque c’est justifié, les aspects qui méritent plus d’attention.
Cristal Union a intégré dans son plan de formation, celle de ses administrateurs. Ainsi, tous les membres du bureau ont suivi, ou suivent actuellement un programme de formation de haut niveau, proposé par Coop de France, qui s’adresse aux présidents et futurs présidents de coopératives agricoles, ainsi qu’aux administrateurs désireux de professionnaliser leur approche de la gouvernance.
Pensez-vous que certains types de coopératives soient davantage concernés que d’autres par le besoin de faire évoluer la gouvernance ?
Toutes les coopératives agricoles sont concernées quels que soient leur taille, leur secteur d’activité et leur zone géographique. Sans être caricatural, mais plutôt illustratif, la gouvernance mise en place dans une coopérative agricole monoculture, ancrée sur un territoire très régional ayant un marché national, ne sera pas la même que celle mise en place dans une coopérative agricole polyvalente dont les associés coopérateurs sont situés dans plusieurs régions et ayant des débouchés à l’international. Pour autant, ces deux types de coopératives agricoles devront se poser la question de savoir si leur gouvernance est en cohérence avec leur situation. Chaque coopérative évolue dans un monde agricole, économique, politique et financier qui évolue également. Il s’agit pour chaque coopérative agricole de s’interroger régulièrement pour savoir si la gouvernance mise en place est toujours adaptée et de ne pas craindre de reconsidérer son schéma, s’il n’est pas ou plus satisfaisant.