Le sucre roux est porté par un pétrole qui dépasse désormais les 67 dollars le baril, et qui a un fort impact sur l’éthanol brésilien. À quelques jours de l’ouverture de la campagne brésilienne, l’éthanol a pris 18 % sur le mois ! Il revient ainsi à des niveaux similaires à ce qu’il était l’an dernier, à la même époque. Les Brésiliens devraient donc privilégier une production d’éthanol à partir de leur canne, au détriment du sucre. Conclusion : le déficit mondial de sucre attendu se confirme et les cours sont tirés à la hausse.
La Chine pourrait, également, avoir joué un rôle dans cette légère reprise. On vient aussi d’avoir les derniers chiffres en provenance du premier consommateur mondial, et le pays reprend le chemin des importations. Sur les quatre premiers mois de campagne (octobre à janvier), la Chine a doublé ses importations pour atteindre près de 1 Mt.
Dans ces conditions, il est probable que les spéculateurs aient une vision plutôt haussière du marché, même si les derniers chiffres disponibles datent encore du début de mois : ils étaient alors toujours sur des volumes, nets vendeurs, proches de 4 Mt.
La reprise reste légère. L’euro se reprend un peu face au dollar et l’échéance de décembre 2019, pour le sucre blanc, ressort autour de 335 €/t, ce qui permet de rémunérer une betterave à peine au-dessus de 18,50 €/t, hors pulpes selon les conditions de partage 44/56 entre planteurs et fabricants.
D’ailleurs, les volumes de sucre exportés sur la campagne sont revus à la baisse et pourraient ne concerner que 11 % de nos betteraves. La production d’éthanol reste plus avantageuse que l’exportation de sucre : même sur les échéances éloignées, il permet de rémunérer la betterave 2 €/t de plus, et jusqu’à 23 €/t hors pulpe sur le terme proche !
Enfin, du côté du marché du sucre sur le territoire européen, c’est toujours le grand écart entre des volumes contractés autour des 300 €/t selon l’observatoire européen (soit une betterave autour de 19,50 €/t, hors pulpe), et un marché spot qui se négocie près de 100 €/t de plus (une betterave proche des 26 €/t hors pulpe)… Mais sur des volumes très réduits, et donc qui ont très peu d’impact en ce début de campagne. Combien de temps cela durera-t-il ?
Timothé Masson, CGB