« En Toscane, du blé dur est produit sans pesticides chimiques. L’agriculture de précision s’est répandue et les équipements utilisés pour les interventions principales sont presque tous pilotés par satellite ». Cet exemple illustre un des trois scénarios multifactoriels présentés par l’Inrae dans une étude prospective, le 21 mars dernier. Elle a été menée dans le cadre du programme prioritaire de recherche « Cultiver protéger autrement » en lien avec une agence de recherche européenne de recherche « Towards a chemical pesticide free agriculture ».
Pour remplacer, d’ici 2050, les pesticides chimiques utilisés, trois stratégies de protection des cultures ont été identifiées par l’Inrae : renforcer l’immunité des plantes cultivées (S1), gérer l’holobionte des cultures en renforçant les interactions hôte-microbiote (S2) ou encore créer des éléments d’intérêt écologique sur 20 % des surfaces naturelles et agricoles (S3).
Ces trois stratégies sont l’objet d’intenses recherches. Elles n’occultent aucune technologie, pas même le recours aux NBT pour sélectionner de nouvelles variétés.
Dans le scénario « grandes cultures » sans pesticides, les fermes combineraient les stratégies S1 et S2. L’emploi d’engrais chimiques reste la norme. La grande dimension des exploitations robotisées concourra à la formation de déserts paysans.
La viabilité économique de ces exploitations numérisées repose sur des prix bonifiés, pour compenser le risque de la transition et la baisse modérée des rendements. La PAC devra être revue dans ce sens.
A l’international, les produits agricoles sans pesticides chimiques seraient les standards de production retenus par les accords commerciaux entre les pays tiers et l’UE. Mais l’Europe ne sera plus une puissance exportatrice majeure de céréales. Avec ce scénario, on n’est pas près de relever le défi alimentaire mondial !