Reprise modérée des pluies à l’automne

Le climat de l’hiver en cours présente des caractéristiques qui semblent devenir une nouvelle norme pour les hivers des régions betteravières : les épisodes de froid et de gel alternent avec des épisodes de températures douces, voire élevées, et les pluviométries sont tendanciellement faibles. La figure 1 présente les données climatiques des derniers mois, comparées aux normales saisonnières sur 30 ans (1991–2020) établies par Météo France. Si l’on excepte la région Centre-Val de Loire, la fin d’automne apparait correctement pourvue en pluie, avec des mois de novembre et de décembre qui se rapprochent de valeurs moyennes. Ils clôturent une année globalement déficitaire en eau, déficit variable entre régions et très variable également au sein d’une même région, qui peut dépasser les 150 à 200 mm pour certains secteurs. Les sols ont donc facilement absorbé les pluies et sont restés relativement secs dans l’horizon de travail. La majorité de la plaine betteravière a bénéficié d’une période de 15 à 20 jours, de fin novembre à mi-décembre, avec peu de précipitations, période suivie d’un épisode de gel. La fenêtre a été mise à profit pour réaliser des labours en bonnes conditions, produisant une structure meuble, relativement nivelée et affinée. Le gel semble avoir eu peu d’effet supplémentaire, sinon participer à la destruction des couverts d’interculture. En non-labour, il donnait une bonne opportunité de travail superficiel et de mulchage des résidus (figure 2).

Faut-il sacraliser l’animal ?
Les pluviométries ne comblent pas les déficits de l’année passée, mais elles ont permis des fenêtres très favorables aux labours. ©ITB
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Parcelle conduite sans labour en Champagne, les jours de gel auront facilité les interventions de mulchage. ©ITB

Le mois de janvier enregistre des pluviométries généralement inférieures aux normales trentennales, avec encore une petite exception pour la région Centre. Les pluies se sont effilochées sur le mois sans forte intensité, laissant des créneaux disponibles pour continuer les labours d’hiver dans de bonnes conditions.

Constat d’état structural en régions betteravières

A la mi-février, il en résulte des structures très saines des labours, à la fois en surface et en profondeur (figure 3). Le mois de février s’inscrit dans la même tendance que janvier, avec peu de précipitations en première quinzaine. Des sols fragiles refermés superficiellement sont constatés en région Hauts-de-France. Ces évolutions défavorables résultent de labours très (trop) émiettés. Ces cas illustrent le risque qu’on peut identifier à ce stade : des nouvelles précipitations pourraient aggraver cette tendance, et le colmatage superficiel du sol aurait pour conséquence un ressuyage ralenti. Dans ces situations, les premières interventions de travail du sol devront être entreprises avec prudence. Un sol croûté demande plus d’énergie pour le premier passage, surtout après un épisode de temps sec. Le risque associé à des labours très meubles est aussi identifié en Champagne. Des pluies conséquentes pourraient favoriser la reprise en masse des sols de craie. Pour l’ensemble des régions Hauts-de-France, Normandie, Champagne, deux scénarios sont à envisager : si le climat se maintient, les conditions de préparations seront très bonnes en toutes régions. L’impératif sera de travailler superficiellement, sans dépasser les 5 cm de profondeur. Le passage unique d’outil sera priorisé. A l’inverse, des pluies plus soutenues et un gel insuffisamment efficace exigeront, avant tout, plus de patience, et éventuellement un premier passage destiné à briser une croute. Dans tous les cas, il y aura risque d’émiettement exagéré, donc l’intervention restera superficielle. Les climats des années récentes montrent que le temps séchant post semis et la perte d’humidité pour la levée restent des points de vigilance.

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Réalisés en bonnes conditions d’humidité, les labours sont bien fragmentés (ici dans le département de l’Aisne). ©ITB

La région Centre-Val de Loire se distingue sur deux mois, novembre et décembre, nettement déficitaires en pluviométrie, en comparaison des normales saisonnières. Plus encore que dans d’autres régions, la campagne va débuter avec des réserves insuffisamment reconstituées. Les labours sont faits en très bonnes conditions, et les structures très saines laissent présager des implantations d’excellente qualité (figure 4). Le constat est plus mitigé en Ile-de-France, où les parcelles de limon argileux n’ont pas aussi bien évolué. Dans ces deux régions, les gels de février améliorent l’affinement. Autre constat en région Centre, des parcelles argileuses verdissent par des levées de ray-grass et vulpins ; en sols hydromorphes et labour d’été, ou non labour, le glyphosate reste autorisé.

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Les labours en région Centre ont été réalisés en très bonnes conditions. ©ITB

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