Récemment, un chasseur âgé de 50 ans est mort dans la Meuse après avoir été percuté par un cerf. L’homme, expérimenté, chassait à l’arc dans une forêt privée. Il participait à une battue lorsque le drame s’est produit. Il se trouvait dans la ligne de fuite quand il a été percuté de plein fouet par l’animal dont le poids est estimé entre 150 et 200 kg. La victime, un nordiste marié et père de deux enfants, n’a pu être réanimée malgré l’intervention d’un médecin. Une végétation dense a masqué la trajectoire de l’animal. Il ne s’agit donc pas d’une charge délibérée mais d’une collision. On ignore aussi les causes du décès. Perforation par l’andouiller justement appelé « de massacre » ? Défaillance cardiaque consécutive à la brutalité du choc ? Il semble que l’on penche vers la seconde hypothèse.
Les sangliers et les cerfs peuvent, parfois, attaquer l’homme quand ils se sentent acculés. Le sanglier le fait s’il est blessé ou au ferme ; le cerf beaucoup moins puisqu’on le classe dans la catégorie des « bêtes douces ». Il arrive néanmoins, au brame notamment, que certains individus deviennent particulièrement agressifs et, dans un état second, en viennent à charger. Au comble de l’excitation, la peur de l’homme a disparu. Mais des accidents peuvent aussi se produire en dehors de la saison des amours. Il y a cinq ans, un rabatteur de 62 ans a été tué par un cerf en forêt de Compiègne. L’animal l’a chargé et l’a embroché, le tuant sur le coup. Le 27 janvier 2020 un chasseur basque a été chargé par un cerf de plus de 150 kilos dans la forêt de Lesperon dans les Landes. La figure en sang, à moitié scalpé, il a survécu.
Le 19 décembre 2021, dans la forêt de Chelm en Pologne, au cours d’une battue, un cerf charge un chasseur qui s’écroule. L’andouiller a perforé l’orbite et le crâne. Le blessé s’en sortira après un long séjour à l’hôpital. Cet automne, en Australie, un éleveur qui allait nourrir ses cerfs a été tué par l’un d’entre eux.
Les blessures causées par cet animal sont toujours dangereuses et parfois mortelles. L’andouiller de massacre agit comme un poignard et provoque des plaies profondes et perforantes. C’est ce que souligne le fameux dicton « au cerf la bière (le cercueil), au sanglier le barbier (le chirurgien) ». En effet, les défenses du sanglier tranchent et ne perforent pas. Évidemment, si elles coupent l’artère fémorale, c’est la mort assurée. Mais le plus souvent, le chasseur s’en tire avec des lacérations.
« j’ai pensé qu’il allait me tuer »
Le danger vient donc surtout du sanglier. Blessé et acculé, il peut attaquer l’homme. Quand il est ainsi « au ferme », si on l’approche avec un fusil ou une carabine, il est possible de conclure sans risque. Mais beaucoup de chasseurs préfèrent l’arme blanche pour ne pas blesser les chiens qui grouillent autour. Ils sont d’autant plus motivés que la bête noire risque de les mettre en pièces.
Chasseur de sanglier depuis trente ans, Pascal Durantel, journaliste cynégétique et spécialiste de ce gibier, n’a eu peur qu’une seule fois. Il raconte :
« Ce n’était pas au ferme ! J’étais placé « en retour » dans une battue de renards quand j’ai vu un sanglier d’environ 70 kg sortir en plaine. Il m’a regardé et a immédiatement chargé. J’ai eu le temps de mettre deux balles dans mon fusil et j’ai tiré à dix mètres dans le poitrail mais cela ne l’a pas arrêté. Il m’a percuté, m’a fait tomber et s’est acharné. J’entendais ses dents claquer et j’ai pensé qu’il allait me tuer. J’ai tenté de me protéger avec les bras mais il lacérait furieusement ma veste. Je ne sais pas comment cela se serait terminé si mon labrador ne lui avait pas sauté dessus ! L’animal m’a alors laissé pour se battre avec le chien et il a fini par s’enfuir. On l’a retrouvé pas très loin, mort, au moins une de mes deux balles avait pénétré. Je m’en suis tiré avec une côte cassée. Ce jour-là mon labrador m’a sauvé la vie. Pourquoi cette attaque délibérée ? Je n’en sais rien. J’ai servi des dizaines de sangliers sans percevoir la moindre attitude agressive. Et celui-là m’a chargé délibérément. On a retrouvé une blessure ancienne à l’antérieur droit. Était ce la cause de cette fureur ? Mystère ».
Quand le brocard devient fou
La laie peut aussi charger pour défendre ses petits mais ses défenses étant peu développées, elle préfère mordre. Une chose est certaine : en battue, quand les chiens poussent, il faut toujours être sur le qui-vive et éviter de se placer juste sur la coulée fréquentée. En effet, dans la plupart des cas, l’animal qui n’est pas blessé n’attaque pas vraiment. Il file dans sa coulée et bouscule le chasseur au passage. On notera aussi qu’il est très rare qu’il s’acharne sur sa victime.
Et le chevreuil ? On pourrait penser que ce petit cervidé aux yeux de velours est parfaitement inoffensif. Hé bien, c’est faux ! En enclos et au moment du rut, il devient fou furieux et se précipite pour attaquer l’intrus. Il faut avoir vu un brocard foncer dans le grillage pour le croire. Et deux petites dagues propulsées par 30 kg de dynamite, cela peut faire mal ! En principe, dans la nature, on ne risque rien. Mais, en avril dernier, à Signy-le-Petit, dans les Ardennes, une chevrette a violemment chargé un homme de 83 ans qui a dû être pris en charge par les pompiers.
Pour parler comme Sandrine Rousseau, cette chevrette était probablement « déstructurée » …