Le désherbage mécanique peut être envisagé dans une parcelle présentant un faible salissement. « Bien positionné et appliqué sur des adventices jeunes, un seul passage d’outil peut suffire dans le cas d’une infestation faible à moyenne », rappelle Arvalis. Cette option permet une baisse des charges phytosanitaires, dans la mesure où le passage unique est suffisant. Si deux passages mécaniques sont nécessaires, le temps de travail par hectare augmente nettement, entraînant, si les prix du gazole non-routier (GNR) sont élevés, l’addition dans son sillage. L’option du désherbage mixte combinant herbicide de pré-levée et un passage de herse étrille en post-levée offre une autre solution, qui limite les charges, du moins dans les conditions de la campagne 2021/22.
Le désherbage mécanique a évolué fortement avec l’arrivée sur le marché de buttoirs scalpeurs ou de herses étrille à câbles. Ces outils peuvent être utilisés en combinaison dans un programme de désherbage. Il est aussi possible de les mettre en œuvre seuls pour réaliser un passage de rattrapage. Depuis cinq ans, la chambre d’agriculture des Hauts-de-France compare différents types de désherbage : du 100% chimique au 100% mécanique. Elle a aussi évalué un désherbage localisé en pré-levée associé à un passage mécanique en post-levée. La pulvérisation localisée consiste à appliquer les herbicides sur le rang et la butte seulement. Ceci permet de ne traiter qu’environ 30 % de la surface au lieu des 100 % atteints par la pulvérisation en plein. Ces essais confirment que l’intervention mécanique exige des fenêtres climatiques favorables : sol ressuyé et temps séchant au moment du passage et dans les deux jours suivants. Il faut aussi que le stade des adventices corresponde à l’outil utilisé : herse étrille, buttoir ou brûlage par le gaz.
La herse étrille peut être utilisée en pré-levée jusqu’au stade « germe 10 cm », sur des adventices du stade fil blanc jusqu’à cotylédons. Au-delà de ce stade, son passage risque de casser les germes se trouvant dans la zone supérieure de la butte. Elle pourra être de nouveau utilisée à partir du stade « 10 cm » jusqu’à « 20 à 25 cm » de la culture. Le passage de la herse étrille doit être complété dans les 48 heures par un passage de buttoir afin de reconstituer la butte aplanie lors de l’intervention.
Le buttoir peut être utilisé pour désherber de la pomme de terre en pré-levée et jusqu’à couverture du rang. Il agit par déracinement et étouffement des adventices. Son intervention est possible sur des mauvaises herbes aux stades cotylédons jusqu’à des stades assez avancés. Cependant, il faut être vigilant sur les passages tardifs avec un appareil réglé trop profond : il y a alors un risque de découvrir les racines superficielles et de casser les tiges des jeunes pommes de terre.
Le brûleur thermique peut s’appliquer pour une pomme de terre ayant au maximum 10 % de pieds levés, sur des adventices au stade tête d’épingle jusqu’à cotylédons. Au-delà de ces stades, ses effets deviennent plus aléatoires et les brûlures provoquées par l’outil peuvent devenir préjudiciables pour la culture.
Sept solutions chimiques
Face à la hausse du prix des carburants, il faut aussi réévaluer les coûts du chantier en 2023. Le passage de pulvérisateur serait moins touché que celui du désherbage mécanique, même dans l’hypothèse d’une hausse de 10 à 20% du prix des produits herbicides. Sept molécules sont actuellement homologuées pour le désherbage de pré-levée sur les pommes de terre. La métribuzine (Sencoral) ne peut plus être utilisée depuis le 30 juin 2022. Et le prosulfocarbe (Defi, Roxy) fait l’objet de restrictions d’emploi dans un rayon de 1 km autour des cultures sensibles, maraîchères et fruitières. Ce produit doit aussi s’appliquer avec des buses anti-dérive. La gamme de pré-levée s’est élargie avec le Bismark CS, une association de pendiméthaline et clomazone, qui contrôle renouées, morelle noire, chénopode et mouron des champs.
Pour une pré-levée efficace, le conseil des instituts techniques reste d’associer 2 ou même 3 matières actives telles que : clomazone (Centium 36 CS), aclonifen (Challenge 600), prosulfocarbe (Defi,Roxy), métobromuron (Proman). Sur une flore complexe ou une forte infestation de renouée liseron, l’association des quatre matières actives peut s’avérer judicieuse. Le traitement est d’autant plus efficace qu’il est réalisé avant une pluie de 10 mm minimum (dans les 3-4 jours suivants). Bien positionné, un seul passage d’herbicide en pré-levée peut être suffisant en cas de faible densité de mauvaises herbes.
En post-levée, certaines adventices telles que les renouées, morelles et matricaires peuvent nécessiter une nouvelle application. Le rimsulfuron (Rimuron, Olorim, Elden) s’applique dans le cadre d’un programme, à la suite d’un désherbage de prélevée. Actif sur graminées, dicotylédones et certaines vivaces, l’herbicide de post-levée s’utilise toujours avec un adjuvant (Helm Surfer Plus ou Pottok à 0,2 l/ha). L’efficacité maximale en post-levée est obtenue sur jeunes adventices, au stade 2 feuilles maximum pour les dicots et 3 feuilles maximum pour les graminées. L’application de l’herbicide en condition de forte chaleur de plus de 25°C doit être évitée.
- Herse étrille 6 m : 22,6 €/ha
- Herse étrille 12 m : 20,8 €/ha
- Roto-étrille 4 m : 26,7 €/ha
- Roto-étrille 12 m : 21,5 €/ha
- Thermique 6 rangs : 53,2 €/ha
- Thermique 8 rangs : 42,6 €/ha
Source : APCA.