L’irrigation est au centre des préoccupations des agriculteurs de la région Centre. « Nous avons un régime de quotas d’eau depuis 1996 sur la nappe de Beauce, qui sont pondérés chaque année par un coefficient selon le niveau de la nappe. À l’Est, ce coefficient est le plus souvent autour de 0,6. L’inquiétude est grande après une année 2022 encore très sèche et aujourd’hui, la nappe n’est toujours pas rechargée », explique Pierre Houdmon, délégué de l’ITB Centre-Val de Loire, qui a mené la réunion annuelle de l’ITB régional le jeudi 15 décembre à Janville-en-Beauce.
On voit l’importance de l’irrigation avec les résultats obtenus par la sucrerie de Pithiviers cette année, qui aura le meilleur rendement des usines du groupe Cristal Union. Les faibles précipitations couplées aux périodes de canicule ont en revanche impacté les cultures sèches. La moyenne des rendements de la région s’établit à 81 t/ha et cache une grande disparité (30 à 120 t/ha).
Par ailleurs, il y a beaucoup d’interrogations sur la rentabilité économique de l’irrigation, dont les coûts explosent. La compilation de 48 essais, menés ces 20 dernières années, montre que jusqu’à 5 € par mm, il est toujours économiquement rentable d’irriguer des betteraves (calcul fait pour un prix de 32,5 €). Voir courbe.
Projet Strat’Eau
Avec la place de plus en plus prépondérante qu’occupe l’irrigation dans l’itinéraire cultural, l’ITB et l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae) ont donc initié début 2022, pour 3 ans, le projet Strat’Eau. L’expérimentation doit permettre d’acquérir des données au champ, pour paramétrer l’outil Optirrig capable de générer des scénarii d’irrigation. Ceux-ci apporteront des conseils essentiels sur la rentabilité économique, les dates optimales d’apports, ainsi que la gestion de volumes limités.
L’ITB fera donc évoluer son outil Irribet qui ne calcule actuellement que le bilan hydrique. Le but est de pouvoir faire des simulations en fonction de différents scénarii climatiques. Les irrigants pourront ainsi mieux positionner les apports d’eau. Cet outil sera précieux quand les apports seront limités par des quotas ou pour décider la date d’arrêt de l’irrigation en août. Il sera également utile pour les non-irrigants, puisqu’il simulera aussi la réserve utile pour la betterave.
Jaunisse et cercosporiose
Les premiers vols de pucerons verts vecteurs ont débuté le 18 avril, plusieurs pics ont été observés entre le 9 mai au 6 juin. La présence de pucerons noirs (Aphis Fabae) a été également importante. Les premiers symptômes de jaunisse ont été observés au 6 juin et les 4 virus ont été présents. L’enquête jaunisse montre que 5 % de parcelles sont impactés avec 11 à 50 % de symptômes de jaunisse. Quant aux 2 % de parcelles sans NNI, les surfaces impactées sont entre 50 à 100 % ; il s’agit majoritairement de parcelles conduites en agriculture biologique.
Enfin, cette année a encore montré l’intérêt des variétés tolérantes à la cercosporiose. Car la maladie étant arrivée tardivement en septembre et octobre, il n’était plus possible de traiter à cause des délais imposés de 28 jours avant récolte.